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                A SAINT-BONNET-LE-CHATEAU                   35
« tout son service », il ne pouvait se défendre de quelque
appréhension.
    « J'estimais, raconte-t-il, que le dict seigneur me voulait
« faire quelque remontrance sur mes deffaux (que je con-
« fesse estre bien grands). » Et il entra dans la chambre.
Mais voici bien une autre affaire. D'observations, pas un
mot; des réprimandes, pas la moindre. O surprise! L'ar-
chevêque désirait seulement se confesser ! » Il me pria,
« continue le bon curé, quoy qu'il aye tout pouvoir et
« commandement sur moy, de l'entendre en confession, ce
« que j'ai faict avec aultant de fruict et progrès que j'aye
« faict jour de ma vie. »
   Puis, à l'issue de l'office, qui'ne dura que cinq petites
heures — on n'avait pas à Saint-Bonnet une messe ponti-
ficale tous les jours! — nouvelle admiration du curé quand
l'archevêque l'admet à sa table : « J'ai remarqué, dit-il,
« avec plusieurs aultres assistants, la frugallité de vin de
« ce grand prélat qui ne boit ni use auculnement de vin à
 « son repas, se contente manger d'une seule viande et bien
« peu, et tient un merveilleux et bon ordre à tous ses ser-
« viteurs. »
    De fait Mgr de Marquemont était d'une sobriété peu
commune. D'après le même témoin, « il mangea encore
 « bien peu à son souper, bien qu'il eusse beaucoup tra-
 « vaille tout le jour. »
    Mais n'anticipons pas, et voyons quelles avaient été les
occupations de cette journée laborieuse.
    Tout d'abord, quand le curé Raymond et ses confrères,
avec leur « habit chascun bien honnorablement habitué »,
s'étaient rendus chez le châtelain, ils avaient trouvé l'ar-
chevêque « tout seul en sa chambre disant ses heures. »
 Conduit à l'église en grande pompe, le prélat y avait « cé-
 « lébré la sainte messe pontificalement avec tant de dévo-