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                  I E MAJOR GÉNÉRAL MARTIN.
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La voici ; si elle n'est pas d'un style irréprochable, elle
porte du moins l'empreinte de la sincérité dans les senti-
ments qu'elle énonce :

         Citoyen rédacteur,
   Il est des exemples qui ne doivent être perdus ni
 pour la société générale, ni pour le pays surtout qu'ils in-
 téressent particulièrement.
    Tel est celui que vient de donner récemment le major
général Martin, mort, il y a deux ans, gouverneur de
 Calcutta.
   Né à Lyon en 1725 de parents honnêtes, mais peu fortu-
nés et chargés d'enfants, il s'engagea fort jeune encore et
passa avec son régiment aux grandes Indes. On ignore
quels motifs le déterminèrent alors à quitter le service
de la France pour entrer à celui de la Compagnie anglaise.
Il se distingua bientôt et parvint de grade en grade au poste
honorable qu'il a rempli jusqu'à la fin de ses jours avec
l'estime et la considération générales.
    Sa patrie et ses concitoyens ne s'éloignèrent jamais un
moment de sa pensée ; la différence du climat, celle du sort
brillant dont il jouissait, comparé à celui que l'ordre natu-
rel des choses lui destinait en France, rien n'a pu éteindre
en lui ce sentiment pur et sacré du pays, sentiment cher et
naturel à tous les hommes, mais qui, prenant nécessaire-
ment le caractère des différents peuples, est plus actif,
plus ardent peut-être chez les Français que chez aucune
autre nation.
   Le major général Martin avait constammentmis au nom-
bre de ses jouissances les plus chères, l'espoir d'en témoi-
gner un jour sa reconnaissance à la ville de Lyon pour les
soins qu'elle est dans l'habitude de prodiguer à la jeunesse,
pour les ressources qu'elle lui offre dans les établisse-
ments fondés par les citoyens riches et destinés à l'ins-
truction de ceux qui le sont moins. La reconnaissance est
un sentiment inné au cœur des Lyonnais ; la bienfaisance
est habituelle dans cette cité industrieuse, et le major gé-
néral Martin a suivi naturellement l'irrésistible impul-
sion des exemples de générosité dont il a été souvent le
témoin.
   Le testament du major général Martin est une preuve
nouvelle que ce sentiment l'animait. Non-seulement il y
parle avec l'attendrissement de la reconnaissance des lieux