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I E MAJOR GÉNÉRAL MARTIN. . 427 La voici ; si elle n'est pas d'un style irréprochable, elle porte du moins l'empreinte de la sincérité dans les senti- ments qu'elle énonce : Citoyen rédacteur, Il est des exemples qui ne doivent être perdus ni pour la société générale, ni pour le pays surtout qu'ils in- téressent particulièrement. Tel est celui que vient de donner récemment le major général Martin, mort, il y a deux ans, gouverneur de Calcutta. Né à Lyon en 1725 de parents honnêtes, mais peu fortu- nés et chargés d'enfants, il s'engagea fort jeune encore et passa avec son régiment aux grandes Indes. On ignore quels motifs le déterminèrent alors à quitter le service de la France pour entrer à celui de la Compagnie anglaise. Il se distingua bientôt et parvint de grade en grade au poste honorable qu'il a rempli jusqu'à la fin de ses jours avec l'estime et la considération générales. Sa patrie et ses concitoyens ne s'éloignèrent jamais un moment de sa pensée ; la différence du climat, celle du sort brillant dont il jouissait, comparé à celui que l'ordre natu- rel des choses lui destinait en France, rien n'a pu éteindre en lui ce sentiment pur et sacré du pays, sentiment cher et naturel à tous les hommes, mais qui, prenant nécessaire- ment le caractère des différents peuples, est plus actif, plus ardent peut-être chez les Français que chez aucune autre nation. Le major général Martin avait constammentmis au nom- bre de ses jouissances les plus chères, l'espoir d'en témoi- gner un jour sa reconnaissance à la ville de Lyon pour les soins qu'elle est dans l'habitude de prodiguer à la jeunesse, pour les ressources qu'elle lui offre dans les établisse- ments fondés par les citoyens riches et destinés à l'ins- truction de ceux qui le sont moins. La reconnaissance est un sentiment inné au cœur des Lyonnais ; la bienfaisance est habituelle dans cette cité industrieuse, et le major gé- néral Martin a suivi naturellement l'irrésistible impul- sion des exemples de générosité dont il a été souvent le témoin. Le testament du major général Martin est une preuve nouvelle que ce sentiment l'animait. Non-seulement il y parle avec l'attendrissement de la reconnaissance des lieux