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UN MARIAGE SOUS LES TROPIQUES. 2't7 moquer d'eux plus tard, moi qui m'entendais chanter en vers et en prose, qui me sentais libre comme l'air et qui en profitais pour jeter ma porte au nez de celui que j'avais fait passer par-dessus le mur tant que le jeu m'avait plu ; moi, ma chérie, accoutumée à voir mon père me céder toujours et à faire trembler ma mère d'un regard dis- moi donc pourquoi j'ai changé toute cette royauté, toutes ces aspirations joyeuses, toute cette vie de fantaisie, contre un esclavage qui me paraît chaque jour plus pesant ! « Vois un peu comme les plus petites choses peuvent in- fluer sur toute une existence ! Il n'y avait pas quinze jours que ce bêta d'Emilio Sevil était parti pour Salta après nous être mutuellement passé au doigt les anneaux qui nous garantissaient une fidélité éternelle jurée à la face de la lune, bien entendu, car tous ces beaux serments ne paraissent sérieux que quand on n'y voit pas ! En faisant sa malle, il n'avait pu résister à l'envie de pleurer ; il avait le cœur plein, le pauvre benêt.... trop plein! car il déborda en larmes désespérées sur une lettre qu'il me fit tenir au moment de monter en selle; le poulet était, ma, foi, mieux tourné que je ne l'aurais attendu de lui : sa flamme brûlait littéralement le papier. Tu comprends bien que ma réponse suivit de près. J'avais bien un peu envie de rire en l'écrivant, et mon amour — impérissa- ble — me semblait risqué, mais, au demeurant, Emilio pouvait être un mari; les propriétés de son père touchent les nôtres, et quoique sa mère soit une mégère que j'exè- cre, il pouvait y avoir un certain avantage à mettre ma main dans la sienne.. Nous, en étions là , nous reposant sur la foi jurée, quand ce malencontreux Rodolphe arriva à Chirimayo. Rodolphe n'est certes pas plus fin qu'Emilio, mais il est plus beau, et la longueur de ses yeux bleus,