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   UN MARIAGE SOUS L E S                  TROPIQUES

                           SUITE   (*).




                          LA MÈRE.


   —• Herminia, fit le comte à sa belle-fille quelques jours
 après le mariage, je suis heureux devons trouver seule.
 Nous nous connaissons mal encore mais nous nous aimons
 déjà et notre vie, je l'espère, sera exempte de ces orages
intérieurs qui n'en troublent le cours que lorsque nous man-
 quons de prudence pour nous en garantir. Cependant,
dans votre union avec Rodolphe il y a un écueil possible
et c'est à notre expérience de le prévoir. Nés sous un ciel
bien différent, vos habitudes, votre éducation, votre ma-
nière de percevoir ne peuvent se ressembler, et ces diver-
gences recèlent un danger que vous devez connaître.
   Nous aimons notre Rodolphe, voyez-vous, de toute la
puissance de deux cœurs qui n'ont jamais eu d'autre aspi-
ration, de toute l'abnégation de deux existences prêtes à
toute heure à se sacrifier tout entières pour lui épargner
une souffrance; nous avons pour Rodolphe non pas l'ambi-
tion de la gloire mais l'ambition du bonheur; notre avenir
est dans le sien, et du jour où vous avez pris son nom,
nous avons reporté sur vous une partie de cette affection
immense,sans égale, que Dieu a mise dans le sein des pa-
rents pour un fils bien-aimé. Vous êtes sa compagne,
celle dont l'œil doit réfléchir ses joies, dont la bouche est
destinée à sécher ses larmes, celle qui doit être tout pour
lui quand Dieu l'aura privé de notre amour. Vous êtes