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176                      HUGO ET VAQUERIE.

  Et au dernier feuillet s'étendaient, fraîchement encore,
ces vers vagues comme la brume de la veille au soir :
      L'air est plein du frisson des choses qui s'enfuient,
      Sur les bois, au couchant, les nuages s'essuient,
      Le vent de nuit se lève en poupe du croissant
      Et la lune s'assied au ciel resplendissant !
                                          JACQUES.


  Mais, à notre tour, de duper le public ordinaire cour-
reur
        « De sites merveilleux et d'horizons vantés. »

    car nous avions apporté dans nos rires du matin le
plus réjouissant motifimaginablepour une pareille bourde
pyrénéenne... L'abbé Dauphin s'était éveillé vraiment en
verve et en improvisant d'un seul jet, sans même y réflé-
chir, une petite pièce de vers, — façon Hugo — et si
parfaitement timbrée au cachet du maître, que c'était,
 la main stir Voreille, à en jurer l'authenticité. Aussitôt
après notre déjeuner, dans une tonnelle voisine, sur les
bords du torrent, qui lui aussi semblait rire dans son lit,
tout comme la friture de goujons riait dans sa poêle, et
comme le guilleret vin du Gard riait dans nos coupes, —
nous commençâmes de transcrire nos vers sur le livre du
lieu.
  Moi, d'une écriture énorme et contrefaisant audacieu-
sement le nom d'Hugo, avecun épouvantable paragraphe:
      0 pics clochers de monde où sonne la tempête,
      Cadrans d'où l'avalanche à toute heure mugit;
      Devant qui l'homme à peine ose lever la tète
      Tant Dieu lui paraît grand, tant il se sent petit.
      0 rocs, après sommets, vieux autels de granit
      D'où le nuage fume, encens de notre terre !
      Vieille abside où se chante en chœur le grand mystère,