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                         AUT0CR DE LYON.                           151

rantes-licu. » La vallée de Vaugneray n'était pas la seule de son
ager qui participât à ce bienfait de la Providence: dans la charte
486 de Savigny, la partie de cette circonscription voisine d'E-
cully « Excoliaco » est datée de la «Marochia aqua cwrenle »(1).
J'ajouterai pour la gloire des étymo'.ogies celtiques que, dans la
charte 29, un bois de chêne « Cassaneis ou Cassaneus a se trouve
ombrager une autre partie du susdit Ager (2). Les vieux titres
aidant, il vous serait facile de restituer la physionomie antique
 de cette contrée, si belle par elle-même et par les magnificences
 que l'opulente industrie lyonnaise y a semées.
   Je battis des mains.                             *
    — Bien ! très-bien ! m'écriai-je, dignus es intram in savan-
tissimo nostro corpore...
    Nous en étions là, monsieur le baron, lorsque, nous achemi-
nant vers le pont d'Âlaï, nous nous trouvâmes subitement ac-
costés par un voyageur que nous reconnûmes aux détails de son
costume pour un disciple de Jussieu et de Linnceus. Guêtre jus-
qu'aux genoux, boutonné jusqu'au menton, ce monsieur portait
 en bandoulière une boîte oblongue de ferblanc. Par une chaî-
 nette de métal précieux, passé autour de son cou, pendait sur
 son ahdomen une loupe à deux branches, sorties de la gaine
 l'une et l'autre. Sa droite manœuvrait un grand bâton ferré et
 sa gauche tenait un long déplantoir, espèce de petit soc incurve,
 dont le fer luisant annonçait les sérieux services. Le porteur de
 cet attirail botanique était sec et grand, élancé et robuste; avec
 cela fort jeune encore. Je ne sais quel air malin se dilatait sur
  sa face bronzée, face doublement remarquable : une magnifique
  barbe fauve en formait le cadre, et des dents parfaites de blan-
  cheur et de symétrie, un peu longues toutefois, l'ornementaient
  d'un émail très-visible ; perpétuellement visible, pourrais-je

    (1) La Maroc/», dont j'ignore la remplaçante moderne, semble idenliqne
 à la Maric-a, nymphe latine des eaux, née de la racine aryenne mi, aller,
 être en perpétuel mouvement, d'où mîr-a, la mer du flux et reflux, la
  mor-ée.
    (2) Ch. 29 ci-dessus mentionnée.