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112 CHRONIQUE I/JCALK. M. Emile Guimet qui les gardera comme un précieux souvenir. Le produit a été consacré à l'armement des légions alsaciennes et lorraines. Le dimanche, 5 février, a eu lieu avec une solennité exceptionnelle, sur la place Bellerour, la remise des drapeaux à nos trois belles légions de l'Alsace et de la Lorrain". Rien n'égalait la belle tenue de ces vaillants jeunes gens, non plus que l'émotion de la foule qui se demandait si cette jeunesse si pleine de patriotisme serait toujours françai-e ou ne serait pas bientôt enrôlée malgré elle sous le diapeau de nos ennemis ! Aujourd'hui, le sacrifice est consommé et on sait quels lambeaux de la France nous ont été arrachés. — Le 9 février la Société d'Education a, la première de nos Sociétés savantes, repris le cours régulier de ses séances. Elle a renouvelé son bu- reau et nommé, pour président, M Dururtyl, conseiller à la Cour d'appel. — Le 5 février est décédé M. Labaume, imprimeur, chef d'une famille douloureusement éprouvée. Brisé par le chagrin d'avoir perdu, en peu de mois, sa femme à peine âgée de quarante ans , vaillante compagne de ses travaux, un fiis de six ans, son dernier né, et une charmante jeune fille à peine â»éo de il an* : ayant son fils aîné devant l'ennemi, usé d'ailleurs par de nombreux p'orès de presse, accompagnés d'amendes et de prison il s'est éteint, à cinquante- huit ans, plu'ôl anéanti que malade. M Labauuie avait successivement édité et dirigé le Journal de Guignol et la Marionnette tous deux supprimés cl la Mascurade passée aujourd'hui entre les mains de M Jules Coste, son gendre. Les journaux suisses annoncent que, le 13 janvier, est morteà Lausanne, à l'âge de 77 ans, Mlle Henriette d'Angeville, d'une grande et vieille fa- mille du Bugey. M"e d'Angeville s'était faite une célébrité par son ascension au Mont- Blanc ; elle était la première femme qui eût fait ce périlleux voyage. — Le 5 février est décedé, à l'hôpital un pauvre et brave homme, ori- ginal, artiste, dont le nom avait le privilège de faire liai re le sourire, Jérôme Colon enfin, dont nous ne parlerons pas, malgré ses créations et se^ Mi moires, le temps n'étant pas à la gaité. Les gem cruels ou insou- ciants s'en amusaient sans penser que cet homme avait été ruiné par la suppression de son théâtre de la Ginllotièic et qu'il ava t su, dans sa mi- sère, conserver intacte sa réputation de probité el d'honnêteté. Le 27 février ont c.u lieu les obsèques de M. Caruclic d'Aligny, peintre, membre correspondant de l'inslitut, directeur de notre école de peinture. — Est-il vrai que, dans le courant du mois de janvier, on ait logé des mobiles ou des Garibaldiens à Brou? Passe des sacs de blé dans nos églises,, mais des mobiles ! et à Brou ! — Ou s'arrache, on enlève, avant qu'elle ne soit achevée, une brochure de M. Arthur de Gravillon : Vive le Hoi! Vive la République! ou le Pour et le Contre. Ces pages, étineelantes d'esprit et d'originalité, font le portrait des bons et des mauvais rois, d'une bonne et d'une mauvaise république. On y trouve des coups de pinceaux d'un réalisme puissant, et vrais jusqu'à la cruauté ; voir le portrait de trois conseillers municipaux. — Au dernier moment on nous apprend que le drapeau rouge ne flotte plus sur notre HoVel-de-Ville Les lieux publics ont été fermés à Lyon pendant le séjour des Prussiens à Paris, le diapeau noir est arboré à côté du drapeau Incolore. Le deuil n'est pas près de s'éteindre dans nos cœurs. A. V. Lyon, imp. d'Ame VINGTRINIER, directeur-gérant.