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                                 NJÃŽGBOLOGIK.                               S 07

  chacun de l'.os salons annuels, ii exposait deux ou trois loiics d'une in-
 croyable vigueur de coloris. A la vue de ces natures mortes où les reflets
 les | lus osés. les éclats les plus brillants, les effets les plus étourdissants
 et lient abordés et enlevés avec uii bonheur inouï, l'esprit se portait immé-
 diatement à ces célèbres tableaux flamands, don! le rendu a fait école et
 dont la perfection d'exécution va jusqu'au trompe l'œil.
    Puis, on se prenait à regretter que l'imagination si brillante de l'artiste,
 son instruction variée, sa riche pensée et son piiu'eau puissant ne fussent
 consacrés qu'à reproduire indéfiniment des objets matériels et vulgaires.
 Pourquoi dédaigna-t-il de s'élever? ou l'ignore.
    Un jour vint où des revers de fortune ne lui laissèrent d'autre ressource
 ipie ses pinceaux. Louis Cariey travailla, vaillant et courageux, mais son
 t œur avait été blessé et la maladie ne trouva dans cette organisation de
sensitive' qu'une proie trop facile.
    Alors tout ce qui à Lyon aimait les artistes et les arts se réunit en un
élan magnifique ; on organisa Une loterie où chacun apporta son offrande.
Devant les demandes réitérées de billets, on lut.obligé de créer séries sur
séries ; les lots manquaient qu'on demandait toujours ; la sympathie
publique s'était traduite en une manifestation telle que le bénéficiaire ému,
réconforté, reconnaissant, mais suffoqué et les laritjrs aux yeux, ne savait
à quelles mains tendre Ses mains, à quelles affections répondre, à quelles
amitiés offrir loule son ..imitié.
    Riche de quelques inillî francs qui, dans l'état où il était, le mettaient
à l'abri du bi-soiti , résigné et ne se faisant nulle illusion sur une fin pro-
chaine, Carrey, fidèle aux principes de sa vie entière, consacra la moitié
de la somme à la fondation d'une caisse de secours pour les artistes lyon-
 nais.
    Sa dernière action fut une bonne œuvre.
   Puis le mal reprit son cours. Assombri par les malheurs de la France,
consterné de voir l'ennemi désoler et ruiner sa ville natale, il alla se réfu-
gier sur les bords de la Méditerranée où la mort ne tarda pas à le frapper.
   Ses funérailles ont eu lieu à Lyon, le samedi 11 février, à une heure. Le
cortège, réuni à l'église de la Rédemption, où ie corps était déposé, a été
conduit au cimetière de la Guillotière, où le modeste monument que lui
élèvera l'amitié conservera moins sa mémoire que les œuvres splcudides
dues à sou pinceau.
                                                                  A. V.