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               UN MARIAGE SOUS UÃS TROPIQUES.              t)3

 ses sévérités, me rendait le seul soutien de ma mère, je
 sais qu'alors elle trouverait dans l'affection de son fils
une ressource effective matérielle, et non plus seulement
l'amour sincère mais impuissant qui aujourd'hui remplit
mon cœur. Si cet exposé si simple a pu vous convaincre,
j'espère que vous voudrez bien, non-seulement me donner
votre consentement, mais encore solliciter celui de ma
mère. La tendresse qu'elle me porte et pour laquelle mon
âme lui a vouée une gratitude sans nom, lui avait fait
concevoir pour moi un sort plus brillant. Je voudrais res-
pecter sa volonté, tout en la persuadant de ce que je crois
devoir être une assurance de bonheur pour ma vie, et j'ai
compté que vous ne refuseriez; pas d'être mon avocat au-
près d'elle.
   En disant ces mots Rodolphe releva les yeux, qu'il avait
tenus jusque là constamment baissés, et son trouble fut
extrême en apercevant sa mère debout et appuyée sur
l'épaule du comte. Wilhelmine avait vu passer Rodolphe,
et sa pâleur l'avait frappée. Elle s'était avancée sans bruit
jusqu'à laporte, puis, entraînée par son émotion, elle était
venue jusqu'à son mari, écoutant religieusement les paroi es
qui tombaient lentement et comme avec peine des lèvres de
son fils bien aimé. Quand celui-ci redressa la tête, il la vit
noyée de larmes silencieuses, et sans attendre la réponse
de M. de'Czernyi, il se jetta au cou de sa mère. Wilhelmine
ne put supporter ce choc. Pressant contre son sein l'enfant
qui la baignait de ses pleurs, elle laissa un libre cours à
ses sanglots déchirants, puis, se séparant de lui par un
effort suprême, elle courut se réfugier dans la solitude de
son appartement
   Le comte, profondément ému se promenait de long- en
large dans la chambre, sans articuler un mot. Un combat
violent semblait se livrer dans son âme ; enfin la sérénité