Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                           POÉSIE.                         H

 Eh bien ! nous lutterons ensemble, ô ma guerrière !
      Si tu meurs, nous mourrons tous deux !
 Mais si j'expire seul, il faudra me survivre,
      Orphelin, j'ai besoin de toi
 Pour m'aimer ici-bas, Margot, si je dois vivre;...
      Pour prier, si, suivant la loi
 Qui régit tout là-hsut, en brave je succombe;
      Pour prier, te dis-je souvent,
 Sur le gazon fleuri, vert tapis de ma tombe,
      Et pleurer aux soupirs du vent ! —

 Comme ces mots plaintifs s'exhalaient avec grâce,
 Un oiseau vint tomber au milieu du chemin,
 Un pauvre roitelet déchiré dans l'espace
 Par un sombre épervier... Ils se prirent la main;
 Margot se détourna, tremblante, à cette vue,
 Puis, se levant bientôt, elle dit: —Au revoir! —
 Mais d'un accent troublé, d'une voix tout émue...
 Henri la rassura par un doux mot d'espoir...


                            II.

Le lendemain!... voyez la ville qu'on assiège,
Les sanglantes fureurs au nom de l'Eternel,
Au nom d'un Dieu si bon ! Cohgny veut un siège
Pour dompter les esprits : procédé paternel !
Ainsi l'on agissait dans ces temps de démence,
Sans pitié, sans égards pour les convictions;
O sainte liberté de chaque conscience,
Qu'étais-tu donc alors, aux yeux des nations !...

A l'assaut! à l'assaut ! quel bruit se fait entendre?...
Montélimar s'éveille à de tristes échos :
— Aux armes ! Dauphinois ! et sachez vous défendu,
Dit une voix de femme, ou mourez en héros !
Le Ciel protégera notre foi catholique,