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 226                             BENSERADE.

ce Rondeau, qui parut, si je ne me trompe, pour la pre-
mière fois dans le Menagiana de 1693 :

                A la fontaine où s'cnyvre Boileau,
                Le grand Corneille et le sacré troupeau
                De ces auteurs que l'on ne trouve guère,
                Un bon rinieur doit boire à pleine éguière (1),
       •        S'il veut donner un bon tour au Rondeau.

                Quoique j'en boive aussi peu qu'un moineau (2),
                Cher Benserade, il faut te satisfaire,
                T'en écrire un. Hé! c'est porter de l'eau
                           A la Fontaine.

                De tes refrains (3) un livre tout nouveau,
                A bien des gens n'a pas eu l'heur de plaire ;
                Mais quant à moy, j'en trouve tout fort beau,
                Papier, dorure, image, caractère ;
                Hormis les vers qu'il falioit laisser faire
                          À La Fontaine.


   La'même année où avait paru le premier Menagiana,
le P. Bouliours publia un Recueil de vers choisis ; le
Rondeau s'y trouve avec cet autre texte pour les cinq
premiers vers :

             A la Fontaine où l'on puise celte eau,
             Qui fait rimer et Racine et Boileau,
             Je ne bois point, ou bien je ne bois guère,


  (1) Ce mot se trouve écrit ainsi dans quelques livres de ce temps-là, et
Ménage lui a donné place dans son Diet. étymologique avec renvoi au
mot AIGUIÈRE.
   (2) On lit dans Rabelais, 1. 2, c. 14 : « Tu n'as pas trenné les petits
bennuercaulx de Paris, qui ne boivent en plus que ung pinson, et ne pren-
nent leur bêchée sinon qu'on leur tape la queue à la mode des passc-
rcaulx. »
  (3) Au lieu de refrains, les textes postérieurs portent rondeaux.