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  62                  LA BELLE REGAILLETTE.

 particulière, et il est inouï ce qui fut volontairement rendu à
 sa mémoire. »
    Rien de surprenant donc que les perruques occupassent
 une place à part dans le palais de Versailles. Il n'y en avait
 pas moins de dix-sept à dix-huit. Lorsque le roi se mettait en
 voyage, ce n'était pas non plus le moindre souci de Bontemps
 et des gentilshommes de la garde-robe , que le transport des
 perruques royales. Malheur à celui qui, par mésaventure,
 aurait défrisé les boucles flottantes de cette plantureuse coif-
 fure ! La marquise de Créqui raconte quelque part, qu'elle
 avait une tante dont le vieux mari avait été page de Louis XIV.
 Ce grand seigneur , dit-elle , gardait « l'immense souvenir »
 d'avoir un jour brûlé un coin de la perruque du grand Roi,
 avec sonflambeau.« Ce fut, ajoute la marquise, un événement
 non moins immense au château et dans toute la ville de Ver-
 sailles. »
    Ceci explique parfaitement l'attention de l'officier des
  gardes.
    Revenons à la toilette de Louis XIV et à son petit-lever.
 Les petits-levers n'étaient pas non plus de pelites affaires.
    Le coiffeur en titre venait d'ajuster, sur les épaules royales,
 le majestueux appareil capillaire. Un autre dégarnissait le
 bonnet de nuit des coiffes et des dentelles, qui en étaient
 l'accompagnement inséparable. Un troisième officier de ser-
 vice préparait la cravate. Le chapitre des cravates n'était pas
 moins important que le chapitre des perruques. Le sieur de
 Miramond, chargé de ce service, touchait « six cents livres »
 de récompense , mille quatre-vingt quinze livres pour sa
_ nourriture, et deux cent vingt livres pour son logement, plus,
 d'autres avantages, comme par exemple un cheval et sa nour-
 riture, quand le roi était en voyage.
    M. de Miramond, dans l'exercice de sa charge , venait de
 nouer les rubans à la cravale, afin qu'elle fût toute prête