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                      NICOLAS BERÇASSE.                      19

autant que pas un d'eux à ses conceptions personnelles.
    L'attention publique se portait donc sur le député du tiers-
état de Lyon, alors dans la force de l'âge, et doué, d'après
une gravure que beaucoup d'entre vous doivent avoir trouvée
à leurs foyers, d'une figure singulièrement expressive dans
sa régularité.
   Dès le 19 mai, Nicolas Bergasse était désigné comme l'un
des seize commissaires conciliateurs chargés par l'assemblée
des communes de s'entendre avec l'ordre de la noblesse, qui
prétendait vérifier à part les pouvoirs de ses députés. Leurs
efforts, on le sait, furent infructueux. Le roi ordonna au
garde des sceaux d'interposer sa médiation, et ne fut pas plus
heureux. Les (êtes se montaient sur cette irritante question
de la distinction des trois ordres, qui était au fond toute la
Révolution. Que les députés du tiers eussent consenti à la
plus mince concession, et c'en était fait du principe de l'é-
galité devant la loi. Pourquoi, en effet, aurait-on tenu si
obstinément à garder les trois ordres séparés, si ce n'était
pour continuer à attribuer aux deux premiers des droits et
des faveurs refusés au troisième? Bergasse fut un des tenants
de son ordre dans cette.querelle, non seulement au sein de
la commission intermédiaire, mais à la tribune. Il s'agissait
de décider quel nom prendrait cette réunion réduite à six
cents députés, qui n'était pas toute l'assemblée, et qui ne
voulait plus s'appeler la chambre du tiers-état. Mirabeau pro-
posait sans plus de façon le titre de représentants du peuple, et
s'indignait des murmures qui repoussaient sa motion. Sieyès,
moins emporté, préférait assemblée des représentants de la
nation, ou plus simplement assemblée nationale. Bergasse ap-
puya fortement cet avis. La dénomination de représentants
du peuple lui semblait faite pour éloigner encore les deux
premiers ordres, à cause du sens exclusif qu'on ne manque-
 rait pas d'attribuer au mot peuple. En même temps, l'orateur