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494 CHRONIQUE LOCALE. Nous ne pouvons dire tout ce que ce tableau a de charmes, des yeux se mouillent, mais on se tait; un jeune laboureur s'avance, il a un discours à prononcer. Ce discours, nous n'avons pas eu besoin d'efforts pour le retenir. Pas un mot n'était à y retrancher ; il peint les relations du village avec le château. « Madame, soyez la bien-venue dans cette famille où vous venez apporter le bonheur; mais ne soyez pas étonnée de nous voir dans cette demeure ; depuis notre enfance nous en connais- sons le chemin. « Nous venons vous offrir nos bêches, nos pioches, nos herses, nos charrues ; si vous voulez notre affection par dessus le marché, nous en serons heureux, car nous sommes aussi prodigues de nos cœurs que de nos bras. « Madame Marie, soyez la bien-venue, car vous entrez dans une famille où la bonté pour les pauvres gens est héréditaire du père au fils et de la mère à la fille. » L'émotion était vive dans la foule à ces paroles qui dévoilaient si bien de profonds sentiments, et l'on estimait heureuse la famille qui avait su les inspirer. L'instant d'après, deux cents habitants du village dînaient à l'ombre des grands arbres, sur les bords de l'étang, tandis qu'une table de cent quarante couverts, dressée avec un goût parfait sous des charmilles qui faisaient penser à Versailles, recevait l'élégante population du château ; et c'était un coup-d'œil magni- fique de voir cette table immense, joyeusement entourée, ces fraîches toilettes, ces gracieux visages encadrés dans ces verts feuillages ; il était beau surtout de voir l'ordre qui régnait dans le service, et un nombreux domestique, allant, venant sans con- fusion, comme dans la plus confortable salle à manger. Nul ne voyait la pensée qui dirigeait cet ensemble, tmis on la reconnais- sait partout. Chanter pour un mariage est d'obligation. Un aimable vieil- lard, ancien conseiller à la Cour impériale, fit entendre des couplets pleins d'esprit et de gaité ; dire que le célèbre chanson- nier Gustave Nadaud, compléta la fête serait trop c l a i r e m e n t / ^ i 7 ^ \ révéler le nom des époux, et si, pour une fois, nous avons été^j» «^ babillard, nous ne voulons pas être indiscret. ( S ^ «" = Av - - %mP Aimé VINGTRIMER, directeur-gérant.