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VARIETES. 363 Sainte terre où, pour les Croisades, On s'armerait comme autrefois ; Où l'on chante encor des ballades, Où l'on salue encor les croix ; D u r s laboureurs, femmes honnêtes, Prêtres bénis, fervents poètes, Bons serviteurs, p a s un valet ; Doux accueil ouvrant toutes portes, Chastes a m o u r s , amitiés fortes: C'est le Velay. Nous joignons nos félicitations à celles du Mémorial de la Loire et nous espérons que M. Blanchet de Brenas, l'auteur de ces jolis vers, chantera encore son pays ; nous sommes, pour notre compte, tout prêt à l'applaudir. A. V. THEATRES. LE GRAND-THÉATRE, DÉBUTS. — LES CÉLESTINS, RAVEL. Le Grand-Théâtre a fait sa réouverture par Guillaume Tell, le chef-d'œuvre de Rossini et de la musique moderne tout entière. C'était une inauguration hardie, on peut le dire, car pour aborder ce grand rôle d'Arnold que Duprez a rendu si écrasant par les traditions qu'il y a laissées, il faut être un chanteur solide et que rien n'effraye. Le nouveau ténor, M. Renard, dès les premières notes qu'il a émises, a bien fait présager de son succès. Depuis longtemps ce rôle n'avait été tenu d'une manière aussi brillante. Il y a eu de la surprise dans l'auditoire. On ne s'attendiit ni à cette voix ni à cette méthode simple et large. On sait en effet ce qu'est devenue la race des forts ténors, c'est bien véritable- ment une race d'éclopés. Quand on pense que des ténors comme. M. Vicart, que nous avons possédé, nous sont enlevés par Paris comme des phénomènes de premier ordre, il faut s'estimer heu- reux de rencontrer des chanteurs comme M. Renard. On peut même prévoir que nous ne le garderons pas longtemps, et si nous avons un peu de prudence, nous ferons bien de ne pas l'applaudir trop bruyamment afin de ne pas nous attirer la visite de M. Duponchel ; car il se pourrait qu'il en arrivât de M. Re- nard comme il en est arrivé de M. Belval, et que lui aussi reçût par un beau jour du Ministère d'Etat un ordre de, début à l'Opéra.