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326 LA VÉRITÉ les Lyonnais se plaignaient depuis longtemps que le théâtre n'était point assez vaste pour la population toujours croissante de la seconde ville de France. Lors des représentations extraordi- naires données par les acteurs de Paris, la salle était tout-à -fait insuffisante. Depuis plusieurs années aussi le système de machines et de décorations n'était plus en harmonie avec les progrès qu'avait fait l'art du décor. Il n'était pas possible d'employer la nouvelle méthode dans un théâtre où les parois d'un salon, par exemple, se divisaient en différentes feuilles placées sur des plans différents et avaient le désavantage de laisser voir les habitués des coulisses lorsqu'ils ne se tenaient pas à la distance voulue. Le nouveau système consistait à former d'une seule pièce les panneaux de chaque côté d'un salon, de sorte que les acteurs ne pouvaient plus entrer en scène que par la porte : au lieu qu'au- paravant on les voyait souvent entrer et sortir par les coulisses figurant la muraille ce qui était contraire à la vraisemblance et détruisait l'illusion. Ce nouveau genre de décorations ne pouvait se retirer sur des rainures comme les décors du théâtre Soufflot, il fallait nécessai- rement que ces immenses panneaux fussent enlevés ; pour cela il était indispensable d'avoir au dessus de la scène un espace assez vaste pour les y tenir suspendus, d'ailleurs, le goût des pièces û grand spectacle si en vogue à Paris, et qu'on ne pouvait donner à Lyon à cause de l'insuffisance de la scène et des machines, nécessitait des profondeurs en dessous de la scène et des hauteurs dans leceintrequi permissent le jeu des décorations et les change- ments à vue, disposition qui existe actuellement dans tous les grands théâtres de l'Europe et que n'avait point celui de Soufflot. Si le Précurseur et l'auteur de la notice avaient été initiés à l'art de la peinture de décors et au machinisme d'un théâtre, ils auraient compris l'importance de cette amélioration existant depuis bien des années à Paris et en Italie et que Lyon réclamait depuis longtemps. Mais, à toutes ces considérations d'art venait se joindre une autre cause bien plus impérieuse et qui rendit la démolition