Revue du Lyonnais » série 3 - n°5 ( 1868 ) » pp.401

                         LA SUAV10LA.                        401

   — Malheureusement le voyageur qui a découvert cetlt*
plante, sans pouvoir la retrouver depuis, n'était nullement
botaniste et n'a pas su l'étudier. Il s'est borné à lui donner le
nom caractéristique de suaviota, et tu conviendras que ce
nom a été assez bien choisi?
   Mais Etienne, revenu à sa douleur, n'écoutait plus. Le
chapelain s'en étant aperçu, s'interrompit tout à coup. Puis,
après uu assez long silence, il engagea son élève bien-aimé a
aller prendre quelques instants de repos et se préparer à
partir.
   Le lendemain Etienne partit, en effet, non sans avoir
embrassé à plusieurs reprises le bon abbé, qui lui cria de
toutes ses forets, en le voyant monter en voiture :
   — Au moins souviens-toi de l&suaviola!...
   En peu de temps, le jeune lieutenant fut rendu à la triste
résidence qui lui avait été assignée el où nous l'avons laissé.
   Pour tout antre, un pareil éloignement du monde eût été
un insupportable exil ; mais son chagrin el ses goûts avaient
besoin de solitude, et il se félicita d'avoir été conflué dans un
désert.

                              IV.

   Au retour de son expédition contre les contrebandiers ,
Etienne, comme nous l'avons déjà dit, éprouva le besoin de
différer de quelques heures cette autre expédition d'un carac-
tère si différent à laquelle ses goûts de botaniste le conviaient,
   Mais le soir venu, il appela près de lui le douanier qui lui
avait offert de l'accompagner, et lui annonça qu'il partirait le
lendemain, sans guide et seul, ne voulant être distrait par
personne pendant l'exploration à laquelle il allait se livrer.
   — Je vous prie seulement, ajouta Etienne, de me donner
des renseignements sur la direction à suivre el sur la situation
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