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                         LA SUAVIOLA.                       398

dispositions étaient combinées de telle façon que le défilé se
 trouvait entièrement gardé et que les contrebandiers, en
s'engageant dans les étroits sentiers qui s'y croisent, devaient
"être capturés ou obligés de battre en retraite.
    L'obscurité était profonde. Les coups de vent, d'abord
intermittents, s'étaient graduellement rapprochés et se suc-
cédaient sans interruption. Bientôt la tempête se déchaîna
avec furie, et sa puissance formidable semblait menacer la
création tout entière et vouloir refaire Je chaos.
    Mais, malgré cet affreux ouragan, les douaniers,fidèlesà
leur consigne, étaient restés silencieux et immobiles, pour
ne pas trahir leur présence.
    Tout à coup, l'un d'eux, averti par son instinct, et se
glissant à plat ventre vers Etienne, vint lui annoncer l'ap-
proche des contrebandiers. Mais ceux-ci, qui s'avançaient en
effet, ayant discerné le léger bruit produit par ce mouve-
ment, avaient aussitôt pris la fuite.
    Toutefois, quelques coups de carabine furent tirés dans
l'obscurité et au hasard.
    A la suite de cette décharge, Etienne, ayant fait allumer
des lanternes, se porta en avant avec ses hommes, mais ne
trouva rien, si ce n'est des traces de sang se perdant dans les
rochers et indiquant que quelqu'un avait été' blessé parmi les
contrebandiers.
    Après cette alerte, les douaniers poursuivirent les fuyards,
mais ne les atteignirent point, et la nuit se passa sans autre
incident.

                             III.

   Lorsque Etienne rentra dans sa chambre, le jour commen-
çait à poindre. C'était le moment qu'il avait fixé pour aller
reconnaître la plante découverte par un de ses douaniers