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388 LETTRE SUR L'ARCHITECTURE venir du eiel avec le plan et la place de la grande basilique de Cluny, révélés par saint Pierre à saint Hugues. Et l'ex- pression elle-même est empruntée à la splendeur du monu- ment et des offices qui s'y célébraient : « ut quoddam « deambulatorium dicas Angelorum. (1) » VI. — Où a-t-on lu jamais que « les architectes du « Nord, bâtissant surtout pour donner issue à leurs ingé- « nieuses combinaisons d'équilibre et d'effets de lumière, « étaient bien aise de faire circuler le public, et de lui faire « admirer les moindres recoins de l'édifice. » A ce reproche de vanité et d'ostentation, c'est une con- solation de relire et de reproduire quelques-unes des belles paroles du maître, de l'illustre auteur du Vandalisme dans l'art : « Oh ! qui nous dira aussi la gloire pure de ceux qui éle- « vèrent ces monuments sacrés..., de ces masses d'ouvriers « enthousiastes, unis par les liens d'une mystique confré- « rie, et travaillant de génération en génération à des œu- « vres éternelles? Qui nous fera connaître ces architectes « innombrables, qui n'ont laissé d'autres traces de leur vie « que leurs immortelles créations ! Anonymes sublimes, « on ne les vit jamais inscrire fastueusement leur nom à « côté de celui de Dieu; ils cachaient joyeusement leur « gloire dans celle de la sainte Eglise du Christ ; et quand « leur mission laborieuse était achevée, ils mouraient « comme ils avaient vécu, dans la simplicité de leurs « cœurs, ignorants, ignorés, oubliant tout hormis Dieu, « oubliés de tous hormis de lui. » VII. — On nous dit que l'isolement absolu de l'église est chose nouvelle. N'est-ce pas abuser du mot, quand la chose se perd dans la nuit des siècles ? Le texte, comme les cérémonies du Pontifical romain. (1) Biblioth. Clun., vol. 458. B.