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304 VOYAGE A ROME. d'après bien des gens? Je vous l'ai déclaré dès les premières lignes de cette lettre, ce sont là mes impressions personnelles, irréfléchies, fausses peut-être, mais sincères. Le salon où Sa Sainteté nous a reçus n'est pas très-riche. Les fresques tournent au noir ; les tentures sont en perca- line rouge. Le trône est des plus simples. Pie IX a la-dé- marche ferme encore, un air de santé rare a son âge. Mais ce qu'il y a de phénoménal chez ce vieillard, c'est la voix. Timbrée, vibrante, émue, sonore, elle passe sans effort des tons les plus doux aux éclats les plus puissants ; c'est bien une vraie voix de Pape, suave dans les bénédictions, plain- tive dans la prière, tonnante quand elle maudit, impression- nante toujours. Ses adieux à notre départ de Rome, alors que personne ne savait, — ni lui non plus, — si nous aban- donnions totalement la cause du pouvoir temporel, lisez de la papauté, m'ont profondément touché... mais ne parlons pas politique. Saint-Paul hors des murs. On admire plus à son aise qu'a Saint-Pierre. C'est moins surhumain. On voit sans être ébloui. Mais c'est bien beau aussi. Saint-Jean-de-Latran. Une note au-dessous. Même clef. Sainte-Marie Majeure... Trop d'or, trop d'or... mais que d'or!!!... Saint-Pierre m vincoli. Le Moïse de Michel-Ange. Une rude tête et une rude barbe; mais plutôt Jupiter que Moïse. Assez pour les églises : toutes sont remarquables, toutes sont riches; prenez un Guide et lisez. Vous parlerai-je des palais, des galeries particulières, des places, des fontaines?... Les palais ? une vulgarité ! il y en a à chaque coin de rue, comme des débits de tabac à Lyon. — Avec 50 centimes donnés au suisse, vous voyez tout, jusqu'au boudoir de madame la princesse.