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VISITE AU SALON. 247 5 çons ne reverra pas les grands maîtres du passe , la centra- lisation leur a porté un coup mortel, les exigences, les incer- titudes et les petitesses de la vie moderne les feront avorter s'ils essaient de revivre. L'art n'étant plus réservé aux esprits délicats et instruits, se rapetisse, se dissémine en parcelles insignifiantes parce qu'elles ne se rattachent a rien et* n'ont point de lien commun. On ne jouit plus par la pensée mais par des commotions sensuelles et passagères. Le moyen facile d'exciter ces commotions,c'est la couleur, vraie,intense et luttant de réalisme avec le stéréoscope. L'ancienne école lyonnaise avait préparé cette évolution par une recherche minutieuse du clair obscur et par le fini des accessoires. M. Carrey a élargi la voie en pénétrant plus avant dans la science des reflets et de la valeur des tons modifiés par leurs contrastes; en négligeant les petits effets et les petits coups de pinceaux, qui s'entre-détruisent, il s'est posé de suite en maître, faisant grandement de très-petites choses, érudit avec verve et inspiration et n'étendant pas son érudition au-delà des accessoires inanimés d'un tableau. D'autres l'ont suivi, M. Dupasquier, primus inlerpa?-es, qui lutte avec lui de force et d'intensité dans le coloris, et M. Chenu qui a reporté sur le paysage cette vérité d'obser- vation et cette exactitude dans la tonalité spéciale de chaque objet. Arrêtons-nous sur M. Chenu. Son nom n'est pas de date ancienne et il prime déjà bien d'autres noms; il s'élèvera encore. Sa manière actuelle n'est pas le dernier terme de l'art, et M. Chenu, quelque prodigieuse que soit son habileté de main, ne détrônera pas, s'il s'arrête Ta, Berghem, Claude Lorrain ou notre vieux Grohon. On est étourdi par cet effet obtenu avec franchise et une apparente simplicité de moyens. Mais on se lassera de con- templer un site dont le type original se rencontre à chaque pas et n'offre rien d'attrayant par lui-même, un cabaret comme