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POÉSIE
LA GLANEUSE
ROME.
Je suis glaneuse et jeune fille ;
Recueillant, mais ne cueillant pas,
Je laisse à d'autres la faucille,
Et cherche mon grain sur leurs pas.
Je ramasse aussi la fleur blanche,
La fleur bleue et la rouge encor ;
Toutes celles que la faux tranche
Embellissent mes cheveux d'or.
Parfois j'en emplis ma corbeille,
Une corbeille où chaque fleur
Pâlit près d'une plus vermeille,
Rosette, ma petite sœur !
Aussi, je suis vive et folâtre,
Je suis rieuse et sans souci,
Et, ce matin, le jeune pâtre
Que sa chèvre conduit ici :
— « Tu chantes mieux que l'alouette,
« Et comme elle, en toute saison ;
« Est-ce que ton cœur est en fête
« Avant comme après la. moisson ? » —
Oui, mon cœur est fait de la sorte :
Je ne glane bien qu'en chantant;
Quelquefois c'est de porte en porte...
Mais Ruth peut-être en fit autant !
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