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                        UN TRIPT1QUE.                      145

seillerde la papauté ; que quatre de ses disciples ont été éle-
vés sur le trône apostolique ; que peut-être il eût pu y as-
pirer lui-même s'il avait été moins profondément humble.
   El malgré cette atténuation, j'hésiterais a croire que ce
soit la l'image de saint Hugues, si je ne lisais son nom au-
dessus de sa tête, comme je lis a sa droite celui de Pierre,
au-dessus du personnage qui porte les clefs.
   Il n'y a évidemment que des artistes clunistes qui aient pu
rêver de pareilles fantaisies pieuses, qui aient osé se donner
la liberté de les produire.

                              V.

   Après ces deux grandes preuves qui valent une démons-
tration, nous pouvons en grouper ici quelques aulres qui
acquièrent des précédentes et de leur concours une grande
portée historique.
   La sainte Vierge est habillée en bénédictine. Elle porte
voile noir, guimpe blanche, chaussure noire, et, sous le
manteau bleu,'robe noire avec semis et bordure d'or. Chacun
aime sa couleur; les moines noirs, comme on appelait les
clunistes, se plaisaient à considérer la Mère de Dieu sous la
leur.
   Mais il y a là mieux qu'une affaire de sentiment, il y a un
fait. Saint Hugues, comme on le voit au Bibliotheca Clunia-
censis, colonne 1705, B, avait fait sa fondation pour quatre-
vingt-dix-neuf religieuses, réservant à la sainte Vierge la
centième place avec le titre d'abbesse. Et, par une particula-
rité unique dans l'histoire de l'Eglise, pendant une durée
de plus de sept cents ans, la sainte Vierge a toujours été sa-
luée, au monastère de Marcigny, sous le nom de Notre
Dame-Jbesse. « Elle avait sa stalle au chœur, marquée par
« une crosse en cuivre doré et émaillé du XIIIe siècle, qui
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