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"132 SAMUEL SORBIÈRE. une pension en qualité de savant. Voici en quels termes Chapelain en a parlé dans son Mémoire des gens de lettres vivants en 1662. « Sorbière n'est pas sans lumière et sans sçavoir, mais il ne voit et ne sçait rien a fond, et donnant à tout, il parle a tâtons des choses qu'il ignore comme de la philosophie an- cienne et de la nouvelle. Son style latin est assez pur, et il parle mieux françois que le commun des Languedociens. » En 1664, Sorbière publia une lettre contre la résistance que faisaient plusieurs ecclésiastiques a signer le Formulaire sur les cinq propositions tirées du livre de Jansénius. La même année, il mit au jour une Relation du voyage qu'il avait fait en Angleterre (1). Cet ouvrage fut supprimé par arrêt du Conseil et l'auteur fut exilé a Nantes. Ces rigueurs furent motivées parla liberté qu'il s'était donnée en parlant d'une fille naturelle du comte d'Ulfcld, mariée au roi de Danemark (Biogr. univer.). Au reste, son exil fui de peu de durée, et il lui fut bientôt permis de revenir à Paris. En juin 1667, le cardinal Rospigliosi fut élu pape. Sorbière, qui avait eu, depuis son séjour à Rome, un commerce de lettres avec ce prince de l'Eglise, se hâta d'y retourner; mais auparavant il écrivit une lettre latine adressée à Montmort, dans laquelle il fit le pagényrique du nouveau pape. Il la publia sous ce titre : démentis noni Icon. Son voyage n'eut point le succès qu'il s'était promis : « Le pape, disait-il, me traite comme son ami et non comme son client; j'avois plus besoin d'une charretée dï pain que d'un bassin de confitures; on envoie des manchettes a un homme qui n'a point de chemises (2). Que Sa Sainteté m'envoie du pain (1) Bayle a cité un passage de cette Relation à l'art. Comden, rem. C. (2) Avant le siège de Lyon, une des plus riches bibliothèques de celte ville était celle de l'abbé Perrichon, chanoine de Saint-Paul et l'ami de Mercier de Saint-Léger, mais elle ne se composait, comme celle de la plupart