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POÉSIE.
LA VEILLÉE DES RÊVES.
En hiver, quand le vent de bise
Hurle au loup dans la forêt grise,
Et que la Muse entre au logis
Les doigts rougis ;
Heureux qui peut, sa porte close
Au froid mordant, au soin morose,
Rêver son rêve le plus cher
Près d'un feu clair!
S'il est vrai que le feu recèle
Un esprit dans chaque étincelle,
Flotte, ô chimère, avec l'essor
Des mouches d'or !
J'eus mon rêve dès l'âge t e n d r e ;
D'aussi loin qu'il y pouvait tendre,
De ma nourrice il délaçait
Le gros corset.
Il gazouillait : « Ça que l'on rie!
« Je suis la fée Agacerie
« Qui tend l'amer en y mêlant
« Le doux lait blanc. »