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24             ÉTUDES D'ARCHÉOLOGIE PRÉHISTORIQUE.

de vagues et obscures traditions. Et cependant ces tra-
ditions semblent pénétrer jusque dans les temps mysté-
rieux que nous appelons préhistoriques. Elles nous ap-
prennent en effet que l'Espagne et le sud-ouest de la
Gaule étaient occupés, dès l'époque des immigrations
celtiques, par des populations désignées sous le nom
d'Auskes, d'Ibères, de Ligures, de Sicules,'etc., que les
Celtes absorbèrent ou refoulèrent devant eux. Et voyez
l'étrange contradiction où nous jette l'absence de docu-
ments certains. M. Henri Martin (que je n'hésite pas à
citer puisque son livre est pour le moment le monu-
ment le plus vaste sinon le meilleur élevé à notre
histoire nationale), après avoir affirmé que les Gaulois
ou les Celtes (1) sont les premiers occupants du centre de
l'Europe, ajoute plus loin : « Les Gaëls, à ce que l'on croit,
avaient trouvé là (au sud de la Garonne) ces étrangers
 (les Auskes), avant-garde d'une race qui s'était établie la
première dans le sud-ouest de l'Europe, pendant que
les Gaëls en occupaient le centre et qui avaient avec eux
une parenté éloignée." (2) La parenté était probablement
 plus éloignée que ne le supposait alors M. Henri Martin,
 car tout porte à croire que les Auskes, représentés au-
jourd'hui par les Basques, étaient les derniers débris des
 populations primitives de l'Europe, c'est-à-dire des des-
 cendants des Mongoles refoulés par les Celtes.

     (1) Nous préférons le nom de Celtes, puisque c'est ainsi que se nom-
maient nos pères dans leur propre langage : H qui lingua sua Cellœ nostra
Galli appellantur,   dit César (De bcll. Gall. I, 1). Du reste, les radicaux
Gall et Kel sont étymologiqucment       identiques,   et leur différence   ne
provient que de la manière de prononcer de deux rameaux de la même
famille.
     (2) Hist. de France, p. 4. M. Henri Martin écrivait    cela en 1860.
Depuis lors il a vaillamment concouru, par ses beaux travaux sur les anti-
quités celtiques, aux progrès de l'archéologie préhistorique.