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           ÉTUDES D'ARCHÉOLOGIE PRÈHISTOIUQUE.            21

   D'après ce que nous venons de dire, le clos du Char-
nier peut être considéré so\t comme un tertre funéraire,
soit comme le séjour ordinaire d'une tribu. Ces deux ca-
ractères en effet se trouvent confondus. Peut-être, comme
chez certaines peuplades de sauvages modernes, était-ce
l'usage à Solutré d'enterrer les morts de la tribu sous
le sol même des huttes ou des tentes du campement. De
là la confusion des rites funéraires et des usages domes-
tiques. Peut-être, au contraire, le clos du Charnier doit-
il être regardé comme une sorte de nécropole ; et
tous ces débris d'animaux ne sont-ils que les reliefs des
festins de funérailles, d'autant plus abondants que les
mêmes cérémonies durent se renouveler pour chaque sé-
pulture nouvelle. Cette dernière hypothèse nous explique-
rait, il me semble, d'une façon plus satisfaisante, com-
ment il se fait que les foyers sont intentionnellement
enfouis sous une épaisse couche de terrain rapporté don-
nant à l'ensemble de la localité l'aspect d'un véritable
tertre inexplicable géologiquement.
  On lit dans les anciens voyageurs, qu'au siècle der-
nier les Lapons avaient encore l'habitude de briser les
cornes des rennes qu'ils abattaient et de les offrir à leurs
idoles. Y avait-il déjà au temps de la tribu mongole de
Solutré des usages analogues ? Toutes ces cornes de renne
et ces défenses d'éléphant rompues étaient-elles con-
sacrées à la mémoire des morts ensevelis près de là ou à
des divinités protectrices ? On serait tenté de le croire ;
car comment admettre que des substances aussi précieuses
pour les usages les plus vulgaires et les plus nécessaires
de la vie, aient été dédaignées par des gens qui, après
tout, avaient besoin de poinçons pour coudre les peaux
dont ils se couvraient, de gaines pour leurs instruments
de silex, d'épieuxpour la chasse ou le combat? Les Lapons