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                    L'EXPOSITION DE 1879                      287

    Au-dessous des deux dernières grandes toiles dont nous
 venons de parler, nous remarquons une suite de petits ta-
bleaux fort intéressants. Un, entre autres, les Anes de la
plage, nous a "plu beaucoup. Les ânes, profitons de l'occa-
sion pour le dire, sont en grand honneur parmi les artistes
en ce moment. Il y en a bien deux ou trois douzaines à
l'Exposition, et c'est justice, car c'est la réhabilitation, par
l'art, d'un animal aussi intelligent qu'utile, d'une bête
sobre et de pied sûr, et qui mérite de prendre place, dans
les affections de l'homme, entre le chien et le cheval. Mais
revenons à notre sujet. Donc les ânes de la plage, avec le
mur curieux sur lequel ils se détachent et leur petit conduc-
teur ébouriffé, nous rappellent certains tableaux de De-
camps; ils sont d'un artiste belge, M. Jean van Beers, qui
habite Paris et qui a, en outre, envoyé à Lyon un Gentil-
homme hollandais d'une bonne tournure, et qui est peint sur
un fond dont les tons de hareng nous rappellent les Rem-
brandt les plus estimés, et le Mousse, un charmant portrait
d'adolescent, dont les chairs mates et fines, l'Å“il clair et
doux, ressortent admirablement dans le cadre en bois noir
que M. van Beers adapte à toutes ses toiles, et qui leur est
généralement favorable. M. van Beers a un talent souple et
distingué qui fait honneur à cette Ecole belge ou plutôt
flamande qui doit évidemment sa renaissance à l'Ecole
française, dont elle s'est inspirée avant de reprendre la tra-
dition de son passé et de reconquérir son originalité.
   Tout à côté du Gentilhomme hollandais, nous signalons à
l'attention du public le Prisonnier en fuite, de M. Luminais.
C'est un Gaulois, comme bien vous pensez, mais jeune
cette fois, par conséquent alerte et résolu. Des cavaliers ro-
mains le poursuivent et ne tarderaient pas à l'atteindre si, lui,
qui connaît le pays, ne s'était dirigé vers une faille jurassi-
que dont il sonde du regard les aspérités, to.ut en s'y lais-