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                    L'EXPOSITION DE 1879                     215

devant elle, elle offre un intérêt réel, et c'est avec un grand
plaisir que nous nous sommes promenés dans le Salon
d'honneur.
   La première chose qui a frappé nos regards en y entrant,
c'est un Paysage, de M. Paul Flandrin. M. Flandrin est peut-
être le dernier représentant, aujourd'hui, de l'Ecole classi-
que, de l'Ecole du Poussin. Le paysage composé mourra,
sans doute, avec lui, et ce que nous appelons, nous, l'Ecole
de Jean-Jacques Rousseau triomphera sur toute la ligne. En
attendant, nous devons reconnaître que le paysage exposé
cette année par M. Flandrin et qui, c'est le livret qui le dit,
nous représente un site duBugey, est l'œuvre d'un homme
qui se respecte lui-même en respectant son public ; de
plus, le site en est pittoresque, le ciel d'un bleu assez vrai et
la lumière vive. Un souffle de poésie anime la toile, et
grâce à ce souffle, elle ne périra pas.
   En quittant M. Paul Flandrin, nous avons aperçu le
« Cirque forain » de M. Sicard, un des tableaux les plus
remarqués de l'Exposition. Si feu Monthyon avait fondé
un prix de propreté, sans doute M. Sicard l'aurait fait obte-
nir à ses saltimbanques. C'est d'un bon cœur, mais est-ce
d'un observateur ? Que l'artiste y regarde d'un peu plus
près, et il verra que les nomades qu'il nous représente,
si honnêtes et même si fortunés qu'ils puissent être, se
ressentent de la vie qu'ils mènent, qu'ils sont crottés ou
poudreux suivant le temps et peu soigneux de leur nature.
Les voitures comme les souliers gardent la boue ou la
poussière de la route, et une fois le lieu de la fête atteint,
on ne s'occupe que des maillots et des oripeaux; puis, la
représentation finie, on se repose. C'est ce que font, du
reste, sur un champ de foire qui semble devoir être d'une
étendue immense, les personnages de M. Sicard. Les types
sont vrais, mais ils le seraient bien plus s'ils étaient peints
avec moins de délicatesse et de fini.