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506 DISCOURS DE M. BOUILLIER. humain, telle est la question qui sera traitée en dernier lieu? Malgré cette analyse trop abrégée par laquelle, bien mal- gré moi, j'amoindris et je dessèche les programmes de mes collègues, j'espère que ces sujets vous paraîtront dignes de la Faculté et propres a retenir, en dépit de cette phase défavo- rable de la triennalité, notre public de l'année dernière. Depuis longtemps, au moins pendant la saison d'hiver, les cours de la Faculté n'avaient eu un si grand nombre d'auditeurs. La salle s'est trouvée trop petite pour le cours d'histoire, et elle a été le plus souvent remplie aux cours de littérature fran- çaise et de philosophie. Sous le jeune et zélé successeur de M. Eichhoff, M. Heinrich, la clientèle du cours de littéra- ture étrangère s'est accrue et sans doute s'accroîtra encore. De quel droit et par quelle étrange inconvenance me per- mettre de critiquer un auditoire, le plus attentif, le plus bienveillant peut-être dont aucune autre Faculté puisse se vanter? J'oserai cependant lui faire le reproche, singulier au premier abord, d'avoir pour nous beaucoup trop de respect, je veux dire de paraître craindre outre mesure de nous trou- bler dans notre dogmatisme et notre quiétude. Pourquoi nous ménager de la sorte ? pourquoi ne pas nous adresser plus souvent des questions, des objections, même des critiques ? Ce n'est pas assez que la vie descende du professeur à l'auditoire, il faut aussi qu'elle remonte de l'auditoire au professeur. Nous aimerions surtout parler à la jeunesse, mais, nous devons l'avouer, la jeunesse n'entre que pour une faible proportion dans la plupart de nos auditoires. Nous enten- dions il y a quelque temps, un illustre écrivain s'écrier dans un fort spirituel accès de mauvaise humeur contre la jeu- nesse d'aujourd'hui : « 11 n'y a plus de jeunes gens ! » En vérité, nous aussi nous serions tentés de le croire. Ne voyez- vous pas l'indifférence aux choses de l'esprit, comme une