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208                LES INONDATIONS EN FRANCE.


                           CHAPITRE IL
    Après ee qui précède il nous reste à voir en quoi consiste l'é-
 conomie et la simplicité du système proposé, puis comment son
 application générale le rend préférable en tous points.
    On se propose avant tout, non pas d'avoir un lit à une pro-
 fondeur désignée, mais bien plutôt d'avoir un lit dont le fond
 soit, par rapport au sol des rives, assez profond pour que jamais
 l'on n'ait à craindre des désastres ou des changements de lit. En
 un mot, il faut obtenir un lit qui offre un thalweg, et non une
 sorte de ligne de faîte, dans laquelle on serait réduit à conduire
des eaux toujours menaçantes.
    Comme il faut accepter l'état géologique du sol tel qu'il se
présente, il est évident que, dans certains cours d'eau, on aura
des terrains très-sujets à érosion; dans d'autres moins. Quoi qu'il
 en soit, la masse plus ou moins abondante des matériaux charriés
par le cours d'eau, sera emportée jusqu'à ce qu'elle se trouve
dans une partie où, la vitesse des eaux diminuant, il y ait dépôt
de matières en raison de la diminution de vitesse (I), depuis
0,075 pour les terres et vases, jusqu'à 2 m et 3 m de vitesse pour
les roches. Donc ces matériaux ainsi charriés peuvent être dé-
posés à tel où tel point voulu, si l'on a fait en sorte que les eaux
ralentissent leur vitesse en conséquence.
    Le moyen de ce ralentissement, nous l'avons dit, c'est de
laisser les deux rives du cours d'eau telles que la nature les a
faites, sauf à les soutenir par des osiers et de petites plantations
de toute espèce. A chaque crue un peu forte les eaux se déver-
seront sur ces plages qui forment les rivages ; la masse d'eau
restant dans le lit ordinaire (lit mineur), est amoindrie, sa vitesse
diminue et il se dépose des matériaux dans ce lit. Mais, en même
temps, la vitesse est bien moindre encore sur les deux rives inon-
dées, lesquelles reçoivent par conséquent les sables, les terres, les
limons charriés jusqu'à la limite de cette vitesse. — Il y a, il
faut bien le dire, quelque chose de si providentiel dans cette dis-

  (1) Nous avons donné ce tableau dans le mémoire n°l.