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476 LETTRE possible, comme vous le voyez, de se conformer à un modèle qui ne devait apparaître que deux siècles plus tard. Quant aux ogives de la tour du nord que vous trouvez si vul- gaires, elles appartiennent cependant à la plus belle époque du style ogival, et je ne doute pas que si vous les aviez examinées plus attentivement, votre goût d'artiste et de connaisseur eût reconnu de suite et constaté la délicatesse de leur ossature et leur légèreté surprenante. Pour se rendre compte d'ailleurs du mérite d'exécution de la plupart des détails de nos édifices gothiques, il ne suffit pas d'un simple coup d'œil sur l'ensemble, il faut les voir de près et, sou- vent même, les mesurer et les dessiner. Contrairement à votre avis, je ne pense pas, Monsieur, qu'il fût convenable de coiffer les clochers des transepts de deux flèches en bois recouvertes de zinc, car rien ne fait supposer que l'architecte y ait jamais songé. En effet, il n'y a dans les angles, à l'intérieur, aucune trace de trompes que l'on remarque ordinairement dans les tours destinées à supporter ces prolon- gements pyramidaux. La stabilité de ces clochers est parfaite, car ils ne reposent pas, en partie, sur le dos des voûtes qu'ils ne chargent en aucune façon, mais bien sur des murs dont l'épaisseur varie suivant les retraits de 1 m. 70. 1 m. 13 et 0 m. 80. Ce n'est donc pas l'appréhension pour leur solidité, qui a déterminé l'architecte à ne pas leur donner pour complément une de ces ravissantes constructions aériennes que l'on admire, c'est plutôt pour que l'abside, déjà en contrebas, ne parût pas trop écrasée par les proportions toujours élancées que comportent des flèches. Suivant toute apparence, ces deux tours devaient se terminer en plate forme et porter une balustrade évidée à jour. Sur celle du transept méridional le XVe siècle a laissé son empreinte dans de telles proportions que l'on ne doit pas songer à la faire disparaître ; mais ce serait une erreur que de rappeler, suivant votre désir, la balustrade de cette tour dans le couronnement à exécuter pour le clocher nord; celui-ci étant l'œuvre du XIII1' siècle, il serait plus rationnel d'y