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156                              BARTHÉLÉMY COURBON.
  Si le mariage vint apporter quelques changements aux habitudes de M. Courbon, il n'en fut
rien pour ses penchants bibliographiques, qui semblèrent prendre une nouvelle extension et une
plus vive ardeur.
  Monseigneur Donnet, archevêque de Bordeaux, était,en 1829, curé de Villefranche, en Beaujolais.
Au nombre des familles honorables que l'illustre prélat voyait à cette époque, il en affectionnait
plus particulièrement une, dont le rang était depuis longtemps incontesté, dont la réputation était
des mieux établies dans ce pays. Deux jeunes personnes faisaient surtout l'ornement de cette famille
privilégiée, et, dans sa pensée, M. le curé de Villefranche avait arrêté un mariage, qu'il célébra
en janvier 1830 ; il unissait M, Barthélémy Courbon avec M l l e Cécile Humblot.
  Jusque là, M. Courbon s'était montré bon, généreux, complaisant, ami du pauvre ; depuis son
mariage il sembla, se surpasser. La Providence bénit cette union, M. Courbon se vit entouré, après
quelques années, d'une jeune et intéressante famille.
  Il eût fallu voir quand ses enfants devinrent grands, avec quel entrain délicieux il préparait
le petit théâtre où devait se jouer la pièce de circonstance qu'il avait écrite pour la fête d'une mère,
ou pour l'arrivée d'un nouveau né.
  M. Courbon, nous l'avons dit, cultivait la poésie; ses vers étaient simples et faciles, élégants
même, sans être irréprochables. Us coulaient de sa plume avec la même aisance que les considérants
des conclusions qu'il dictait à ses clercs ; c'est avec le langage des muses qu'il fêtait sa compagne,
ses enfants et ses amis ; il reste de lui d'excellents morceaux d'un ordre plus élevé, surtout ceux
que la religion lui inspirait : langage d'intérieur, tendresse expansée que les siens seuls ont pu
apprécier, et qu'il ne laissait sortir du cercle de sa famille, qu'en faisant violence à sa modestie.
  Après ses enfants, son amour se reportait sur les pauvres. A ce sujet, d'accord avec sa vertueuse
compagne, il ne s'occupait que des moyens de faire le plus de bien possible aux infortunés qui
entraient, comme ses clients, dans son cabinet où ils étaient toujours bien accueillis.
  Cette charité évangélique l'avait porté à se multiplier pour toutes les institutions de bienfaisance ;
et l'une des premières comme des plus utiles, celle de Saint-François-Régis lui doit son établissement
à Saint-Étienne. Après en avoir été le créateur, il en devint, comme président, l'âme et l'appui.
  Si ce n'est le bureau de bienfaisance, dont M. Courbon ne voulut jamais faire partie, pour des
motifs qu'il ne nous est pas permis de pénétrer, toutes les Sociétés charitables successivement
formées à Saint Etienne, obtinrent son dévoué concours.
  Ilenfutdememepourlessocietesscientifiques.il           n'en est pas une, excepté la très-ancienne
SOCIÉTÉ AGRICOLE ET INDUSTRIELLE, dont il n'ait provoqué, lui même, la fondation ou servi le
développement.
  Ces soins divers ne suffisaient pas à son ardente activité. La littérature et les beaux-arts étaient
à un égal degré l'objet de sa sollicitude. C'est ainsi qu'après avoir concouru a la formation de la
SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES, heureusement placée dans notre pays si riche en productions de
tous genres, et après avoir été appelé à la présidence, il demanda et obtint des modifications au
règlement pour faire admettre une section des arts.
  Cette première pensée de M. Courbon n'était qu'un acheminement à son idée fixe, la formation
d'une SOCIÉTÉ DES ARTS-, belle pensée en principe, inexécutable pourtant, et qui attestait, une
fois encore, que M. Courbon, le-regard trop exclusivement fixé sur le but, voyait quelquefois trop
peu les obstacles. La preuve ne s'en fit pas attendre. La section des arts se constitua en Société
particulière. Sur sa liste figuraient les noms les plus distingués ; elle tint ses premières réunions
sous la présidence de son fondateur lui-même. Qu'en est-il résulté? un avortement. Ce ne fut
point la faute de M. Courbon, ce fut le défaut d'entente, le manque d'éléments assez nombreux ;
ce fut, en un mot, la destinée fatale de tout ce. qui est prématuré.


désolé lorsqu'un jour allant pour terminer son marché, il apprit que le manuscrit était vendu
depuis la veille.