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                           CHRONIQUE LOCALE.                                 87
 sieurs points de la montagne de Fourvières et de la colline de Si-Clair.
 Plaine ou montagne nul endroit ne semblait offrir de refuge assuré. Pro-
 fondément émue par trois semaines d'inondation, la population ne cachait
 plus sa consternation et son effroi.
    Le lundi 2 juin, la ville commençait à voir luire un rayon d'espérance ;
 la pluie avait cessé , le Rhône diminuait, la Saône se maintenait sur les
 quais envahis, mais sans s'élever aussi haut que huit jours auparavant, les
 malheureux inondés se rapprochaient de l'endroit où s'élevaient naguère
 leurs habitations, cherchant à retirer du milieu des eaux quelque épave
 de leur mobilier, lorsqu'avec la rapidité de l'étincelle électrique, le bruit
 eonrul que l'Empereur venait d'airiver et qu'il se dirigeait vers cette plaine
 qui avait tant souffert. Cette nouvelle mit toute la ville sur pied ; à onze
 heures l'Empereur, après s'être à peine arrêté à l'hôtel de l'Europe, se
 rendait en effet par la rue Impériale et le'pont Morand aux Brotteaux ,
aux Charpennes et à la Guillotière où sa présence était saluée de mille
cris. Une foule immense le suivait, applaudissant au sentiment qui avait
arraché le souverain aux soins du gouvernement pour l'amener là où il y
avait tant de larmes à essuyer. Les bonnes paroles répandues au milieu
de cette population désespérée des Brotteaux, l'or prodigué à ces gens qui
manquaient de tout, avaient excité l'enthousiasme de notre cité. Le
soir toutes les fenêtres étaient pavoisées et pour ceux qui connaissent nos
habitudes et nos mœurs, l'Empereur venait de traverser une des plus
grandes journées de son règne.
   Le lendemain , mardi, l'Empereur descendait le Rhône jusqu'à Arles ,
prodiguant partout les mêmes consolations, les mêmes secours, et recevant
partout en échange les mêmes témoignages de reconnaissance. Le mercredi 4,
l'Empereur rentrait à Lyon, passait sur la place Bellecour une revue de
toutes les troupes de la garnison et le même soir repartait pour Paris, laissant
de profonds souvenirs de son voyage ; bientôt après de nombreuses sous-
criptions s'ouvraient dans toutes les villes de l'Europe ; le Saint-Père, la
Reine d'Angleterre, le Sultan, l'Empereur de Russie, lui même, envoyaient
leur offrande et nous montraient que désormais il y avait une république
européenne, dont tous les peuples étaient frères et dont tous les hommes
étaient prêts à se tendre la main.
   — Quatre jours après, dans la nuit du samedi au dimanche, S. E. le car-
dinal Patrizzi, légat a laterc, arrivait dans notre ville et descendait à
l'Archevêché. Dès le malin le bourdon de Saint-Jean et l'artiUerie des
forts annonçaient la présence d'un Prince de l'Eglise dans nos murs. A
3 heures le clergé sortait processionnellcment de la métropole pour aller
chercher le légat au palais archiépiscopal ; à l'entrée de la métropole un
dais l'attendait; S. E. le cardinal de Bonald était venu jusqu'au s.'iiil de la
basilique assister à cette réception ; conduit dans le chœur, au milieu d'un