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                            JEAN PALERNE.                              61

yeux notre voyageur est rendu avec la plus grande exactitude,
Nous ne le suivrons pas non plus dans la description qu'il fait
des jeux et divertissements publics qui eurent lieu dans Stam-
boul à propos de la fête de la circoncision du fils du sultan
Amurat III.
   Malgré tant de spectacles si nouveaux pour lui Palerne, com-
mençait à éprouver les ennuis de l'exil. Ayant trouvé un gentil-
homme français qui se trouvait dans les mêmes dispositions
d'esprit que lui, ils quittèrent Constantinople le 23 juillet 1582,
accompagnés de deux janissaires et d'un truchement. Ils tra-
versèrent Andrinople, Philippoly (Macédoine) et arrivèrent à
Raguse. Là, Palerne fut pris d'une grosse fièvre occasionnée par
a dure quarantaine qu'il avait faite avant de pénétrer dans la
ville, et ceste fièvre ne le lascha point durant ce temps là, fust pour
l'appréhension du lieu où on les mit ou pour n'avoir accoustunié
d'estre enfermé. Son compagnon de voyage le quitta à Raguse où
Palerne passa encore quelque temps à se remettre de la fièvre.
Enfin, le 19 octobre, il s'embarqua à bord d'une frégate et, le 26
du même mois , il arriva à Venise. Il y séjourne quelques jours,
puis traverse Ferrare, Bologne, l'Appenin, Florence, Sienne,
Viterbe;il arrive à Rome, le 28 novembre, jour de Noël, en
repartie lendemain, fait ses dévotions à Notre-dame de Lorette,
retourne à Pologne, passe à Modène, à Parme, visite Gènes,
gagne Turin, et traverse pour la seconde fois les montagnes de
 la Savoie.
  Enfin, le 2 février 1583, il arrive à Lyon: « ayant demeuré
« vingt trois mois, ou environ en ce voyage rendant, grâces et
« louanges immortelles à Dieu, le souverain Ptilote, de l'avoir
« garenty de tant de fortunes, naufrages, dangers et maladies »,
Le livre se termine par ces deux distiques aussi anciens que
prudents :
         Celuy qui par deux foys a évité naufrage,
         II n'y doit jamais plus retourner, s'il esl sage.
         Heureux celuy, qui pour devenir sage
         Ou mat d'autruy, fairl son apprentissage (1).

   (I) Le premier de ces deux distiques est imité de ['Anthologie grecque;