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350 CORRESPONDANCE INÉDITE vanche, des hommes de guerre de son temps, le plus capable el le plus heureux, était le fameux condottiere, François Sforza, marié à une bâtarde de Philippe Visconti, qui lui avait apporté en dot la ville de Crémone. Celte alliance était le seul litre qu'il pouvait invoquer pour faire valoir ses prétentions â la succession de son beau-père. Le relief de la naissance, si puissant sur l'imagination de ses contemporains, lui faisait défaut ; il était petit-fils d'un paysan, parvenu par sa va- leur et son intelligence instinctive des choses de la guerre au rôle de condottiere. Mais en revanche François Sforza com- mandait à des soldats formés à son école et à son exem- ple. De plus il possédait à un degré éminent le génie qui fait concevoir les grandes choses et la persévérance qui triomphe des obstacles el conduit au succès. L'homme à qui Louis X I , le plus politique de nos rois, demandait des conseils de poli- tique, pouvait sans témérité faire violence a la fortune et la maîtriser. Ce fut dans la matinée du 14 août 1447 que se répandit dans les rues et faubourgs de Milan la nouvelle de la mort du duc Philippe. Aussitôt on vit affluer sur la grande place la multitude conduite par quelques jeunes patriciens , criant liberté ! liberté ! Les magistrats, réunis au Palais de la mu- nicipalité, s'avancèrent sur le balcon el proclamèrent le gouvernement populaire, après quoi ils convoquèrent vingt- quatre personnages choisis parmi les notables dont ils formè- rent une commission gouvernementale sous le nom de capi- taines et défenseurs de la liberté , entre les mains desquels ils résignèrent leurs pouvoirs. Les capitaines et défenseurs de la liberté s'attribuèrent sur le champ l'autorité souveraine , mais quand ils voulurent passer à la pratique de la chose, ils virent se dresser devant eux une foule de difficultés qui mi- rent à une rude épreuve leur zèle patriotique ou leur ambi- tion inconsidérée. D'abord , toutes les villes du Milanais, Ã