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;Vf8                 LE PUBLIC AU THEATRE.
    Mais à la fin, cependant, la foi la plus ardente désespère ou se
lasse de tenter en vain. Devant un auditoire hostile ou glacé l'on
n'ose rien, l'on se cramponne aux errements classiques. Au lieu
de ces éclats fulgurants où se complaît une voix habituée à l'é-
cho de bravos sympathiques, vous aurez la note sèche et crue,
de la partition. Il faut entre la scène et le parterre un fil de com-
munication : tant pis pour vous si vous l'avez laissé tomber. Mais
il n'est jamais trop tard pour le ressaisir, si vous voulez que l'é-
tincelle sacrée arrive de nouveau jusqu'à vous. Seulement, je
vous en avertis, ce n'est pas en fermant les mains que vous le
 retiendrez.
    Quel heureux, quel fécond accord, en effet, pourrait rempla-
 cer celte froideur naissante? Quand une direction aussi appré-
 ciée que digne de l'être consacre d'immenses ressources à pour-
 suivre son œuvre de régénération ; quand un ténor clef de
 voûte de l'édifice, à supériorité vaillamment conquise, officiel-
 lement constatée, nous fait jouir du travail sérieux par lequel il se
 prépare pour la première scène lyrique;—quand, dans un genre
 moins sévère, l'enfant jadis gâté de Lyon lui rapporte les fruits
 d'un talent mûri par de longues et brillantes relations avec l'au-
 ditoire le mieux doué de Paris ; — quand un vrai petit rossignol,
 couvé dans notre nid, développé par nos soins, commence, par
 l'inimitable netteté d'un gazouillement dont la douceur ne sera
 point dépassée , à nous payer sa dette ; — quand nous possédons
 un baryton pour qui le chant est un langage aussi naturel que la
 parole, bariténor d'ailleurs plutôt que basse, Alphonse, Lusignan,
 grâce à Dieu ! bien plus que Piétro ; — quand tout conspire à
 cet harmonieux ensemble, que les études marchent, que les créa-
 tions se préparent, que l'orchestre s'épure sans se restreindre,
que les choristes même apprennent déjà à lever un bras !
comment le vrai maître de céans, le public croiserait-il obstiné-
ment les siens ?
   Pour ses plaisirs, d'ailleurs, pour ses plus chers intérêts, — il
faut bien qu'il le sache, — la position est critique. Le personnel
étant maintenant au complet, le répertoire usuel fonctionnant à
souhait, voilà l'heure où d'importantes reprises sont sérieuse-