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        150                           BAILE.
        de dessin , et principalement dans celui de M. Ladevèze , pour
        tâcher d'acquérir cette inspiration de commande qu'il faut avoir
        pour satisfaire les exigences d'un fabricant.
            Il revint de Paris à la fin de 1844. Depuis lors, il se livra
        entièrement à la peinture , e t , malgré une foule d'obstacles, il
        paya noblement son tribut aux arts. Le manque de fortune lui
        fit subir de cruelles privations, et au moment où il allait récolter
        les fruits de son talent, au moment où sa réputation toujours
        grandissante allait lui donner des jours plus heureux , la mort
        est venue faire répéter une fois de plus cette triste vérité : La
        vie de l'artiste n'est que douleur !
            En 1853 il fut l'objet d'une distinction flatteuse, il fut
    t    nommé membre du Jury à l'école des Beaux-Arts.
            Pendant ses dernières années , de violentes douleurs de tête
*        avaient paralysé l'ardeur de notre jeune artiste. Il avait entre-
        pris une grande composition de fruits qu'il destinait à l'exposi-
        tion universelle de 1855 , mais son état de souffrance qui allait
         toujours en empirant ne lui a pas permis de le terminer.
             A la fin de l'exposition de Lyon de cette année, son groupe de
        fleurs, inachevé pour cause de maladie , a été entouré de crêpes
         et couronné d'immortelles. Baile était mort le 11 mars 1856.
             Son caractère était doux et timide. Il avait l'humeur un peu
         sauvage comme toute personne habituée à concentrer ses pen-
         sées en elle-même. Tout en ayant parfaitement la conscience de
         son talent, il était d'une modestie rare qui lui faisait écouter
          avec reconnaisance les conseils qu'on lui donnait. M. Thierriat
         nous disait qu'il était du nombre fort petit de ses élèves dont
         il avait gardé un souvenir agréable.
             Notre désir est de faire comprendre par l'exemple de Baile que
         les artistes qui ont une grande fécondité, une abondance d'idées
         qu'ils ne savent pas achever, n'ont pas autant de génie que l'ar-
          tiste patient et observateur pour qui le grand livre de la nature
          est un sujet de méditations continuelles.
             Son imagination n'était pas vive et prolifique , mais lorsqu'il
          avait conçu une belle idée il ne l'abandonnait plus jusqu'à ce
          qu'elle fût terminée.