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324 LITTÉRATURE, la représentation, et qui disparaissaient pendant toute sa durée. L'abbé Batteux ramène aulœa à sa véritable signification, les décorations , et pour lui il s'agit d'un spectateur qui reste à sa place pendant les changements de scènes. Selon moi, il est bien plus près du sens d'Horace que le Père Jouvency; mais il ne l'a pas découvert tout entier. Le spectateur qui attend les décorations , manens aulœa, est arrivé à l'instant où la porte du théâtre s'est ouverte -, il est assis d'avance, pendant qu'on dispose les peintures et les tapisseries qui seront en harmonie avec le drame -, et il restera assis jusqu'à ce qu'il ait donné l'applaudissement final. Horace porte sa pensée sur deux temps bien distincts : le temps présent des préparatifs, où le spectateur est déjà dans l'attente, manentis, et le temps futur de la durée de la pièce, où il restera assis, sessuri. Il en est de même dans tous les siècles. Racine , bien pénétré des préceptes d'Horace, et aidé parla Champmeslé, faisait affluer le public avant l'heure indiquée, et les plus diligents, qui s'étaient emparés des bancs du théâtre , ne s'en retiraient qu'après avoir couronné l'actrice et l'auteur. m. e Tacite (chapitre 5 de la 12 annale), rapporte que l'empereur Claude fit représenter un combat naval sur le lac Fucin. Il arma des malfaiteurs que la justice avait atteints ; ils en vinrent aux mains avec une valeur intrépide; et Tacite termine son récit par ces mots : Post multum vulnerum, occidioni exempti sunt. La traduction de MM. Dureau - Delamalle et Burnouf porte : « Quand il y eut beaucoup de sang répandu , on fit grâce au reste, » Tel n'est pas le sens de Tacite ; il dit textuellement, qu'après beaucoup de blessures, il fut permis de ne pas se tuer. Ils est à présumer que les malfaiteurs qui rivalisaient de dexté- rité, n'étaient pas animés par la rage de s'égorger. L'empereur dut être satisfait d'un grand nombre de blessés et ne pas exiger que ses jeux n'aboutissent qu'à des funérailles.