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392 DE LA DÉCADENCE ROMAINE. et par suite de cet usage, le dernier étage prenait tou- jours ce nom. Chez nous, dans nos maisons de campa- gne du moins , c'est le contraire qui a lieu : la salle et la cuisine sont ensemble au rez-de-chaussée. Cette coutume me parait beaucoup plus commode et rationnelle que celle des Romains ; mais comme il faut progresser en tout et se distinguer du vulguaire, savez-vous ce que l'on a imaginé ? on n'a rien trouvé de mieux que de transporter les cuisines dans les caves. Vous aurez beau prouver facilement qu'il est plus convenable et plus sain , surtout a la campagne, d'éta- blir sa cuisine et sa salle à manger côte à côte, et un peu au-dessus du sol, on vous donnera les plus étranges raisons pour justifier cette nouvelle invention. Les philanthropes, en progrès, feront des discours très-moraux contre l'insalubrité des logements d'ouvriers, et ils n'éprouveront pas le moindre scrupule à confiner leurs domestiques dans des lieux néces- sairement humides. D'ailleurs, c'est maintenant l'usage à Paris. En effet, chacun sait combien il est agréable d'être quasi suffoqué par la chaleur et l'odeur qui s'exhalent des établissements culinaires, situés au-dessous des trottoirs de la capitale. Les gens à préjugés objecteront peut-être que la poussière et mille autres ingrédiens risquent de servir de condiment a la préparation des mets, et que si les caves de Lille et de Valencieimes sont malsaines, celles de Paris doi- vent l'être également. Ces mécontents sont des ennemis du progrès, et tout est dit. La salle à manger prenait plus communément le nom de iriclinium. On appelait spécialement ainsi la réunion de trois lits posés carrément, le quatrième côté restant libre pour le service. La table occupait le milieu de ce carré. Il y avait des triclinia suivant les saisons. Ceux d'hiver regardaient le couchant d'hiver, parce qu'il était agréable de jouir des rayons du soleil au moment où l'on se mettait à table. On exposait