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508               DISCOURS DE M. BOUILMER.

   Vous applaudirez, Messieurs, avec nous a des succès
glorieux qui n'honorent pas seulement la Faculté des lettres,
mais aussi la ville de Lyon. L'Académie française a donné le
 1er prix Monthyon aux Symphonies de M. de Laprade que
les éloges de M. Villemain, comme ceux de tous nos grands
critiques, placent désormais au premier rang des poètes
français de notre temps. Quelque grand que soit cet honneur,
la même académie lui en avait fait, trois mois auparavant,
un plus grand encore, en le choisissant pour son candidat
au prix de l'empereur. Après toutes ces couronnes, que
peut faire encore l'Académie française pour M. de Laprade,
sinon lui ouvrir ses portes ? Aussi, sans nous laisser abuser
par des sentiments de confraternité ou de patriotisme lyon-
nais, crojons-nous pouvoir prédire a notre collègue qu'un
jour il ira s'asseoir à la place laissée vide par Ballanche.
   Tout en appréciant bien haut l'honneur d'avoir pour la
première fois a notre tête un membre de l'Institut (ce titre
dispense de tous éloges), la Faculté des lettres, composée
presque tout entière des anciens élèves de M. l'abbé Noirot,
s'associe de tout son cœur aux sentiments universels d'es-
time et de regret qui le suivent dans sa retraite prématurée.
Mais autant cette retraite nous afflige autant elle nous a peu
étonnés ; M. Noirot n'avait pas ambitionné les honneurs,
les honneurs, chose rare, étaient venus le chercher malgré
lui ; il avait fallu qu'un ministre, qu'il pleure encore, un
ministre, son ancien élève et son ami, lui fit une sorte de
violence pour le décider a accepter le rectorat agrandi et
élevé au niveau des plus hautes fonctions de l'ordre politi-
que et judiciaire. Ce que M. l'abbé Noirot aimait par dessus
tout, dans son excessive modestie et son goût de l'étude,
c'est le silence, la retraite, la méditation, et aujourd'hui,
parvenu au terme de son ambition, s'il est permis d'employer
ici un mot pareil, il ne regrette rien, si ce n'est peut-être cette