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182 LÉGENDE INDIENNE que pour anéantir Ravanas. Bienheureuse ta mère Kausalia qui te verra revenir au palais, libre de ta parole, vainqueur de tes ennemis! Bienheureux le peuple fidèle qui te verra rentrer dans Ayodhya pour recevoir l'onction sacrée comme son légitime souverain ! Et Laxmanas, ton frère, pour prix de sa constance, jouira d'une gloire qui s'élèvera au ciel et remplira la terre entière. Cher fils, Sita est innocente , elle est pure et irrépro- chable ; les dieux de l'univers attestent sa vertu ; et moi, ton père, je te le dis, accueille sans hésiter la noble fille des rois ! Je voudrais qu'une affection loyale te rapprochât aussi de Bharatas, et que Çatrughnas, mon jeune fils , eût en toi uu zélé protecteur,- car l'aîné, fidèle à ses devoirs, est le père de toute la famille. Les quatorze années d'exil acceptées pour l'amour de moi, tu les as dignement soutenues avec ton épouse et ton frère ; l'exil est terminé , ta promesse est remplie, e t , grâce à ton dévouement, j'ai pu aussi remplir la mienne. Vain- queur du cruel Ravanas par la haute protection des dieux , tu as fait une œuvre prodigieuse, digne de tes éminentes qualités ; je te souhaite, au milieu de tes frères, un règne long et fortuné. Car celui dont le fils a, comme toi, conquis une gloire immor- telle, vivra constamment quoique mort, comme je vivrai sauvé par toi. » A ces mots de Daçarathas, Rà mas répondit les mains jointes : « Me voici rendu au bonheur, puisque mon père, mon seigneur, m'approuve. Mais il est une faveur précieuse que j'implore encore de ton amour : pardonne, mon père, à ma belle-mère, pardonne à mon frère Bharatas ! Que cette parole qu'entendit Kaikeya : Je te rejette ainsi que ton fils ! que cette malédiction paternelle ne frappe plus ni elle ni son fils !» — Le roi répondit à Rà mas : Comment vouloir autrement que tu ne veux?» En entendant ces douces paroles, Ramas, comblé de joie, s'écria : « Daigne donc me recevoir en grâce ! » Puis le char flamboyant s'éleva vers le ciel. Ce dernier trait est du pur christianisme , il dépasse tout ce que la civilisation grecque nous offre de plus noble et de plus élevé ; car si Hector, Enée, Andromaque, Polyxène reproduisent partiellement la valeur généreuse , la piété filiale , le tendre