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488 ALLOCUTION DE M. DE LA SAUSSAYE. amour des saintes règles de la religion, de l'honneur et du devoir. Cette pesante succession que me donne a recueillir M. l'abbé Noirot est le résultat, vous le savez, moins des fatigues de l'âge que de l'exercice prolongé d'un enseigne- ment pénible, d'une administration laborieuse. Elle laisse l'ancien recteur dans cette plénitude de jours et d'intelligence qu'on aime à voir a toutes les belles vies militantes. Son ab- sence ne doit coûter que des regrets, non des larmes. Que n'en est-il de même d'un autre vide qui vient de se produire au faîte de cette Université, notre commune mère ! Vous pressentez, Messieurs, que ma pensée se porte vers le jeune ministre^ enlevé naguère par une mort si prématurée ! Et, quand je parlais tout N l'heure du professeur dont il reçut a ici les fortes leçons, cette comparaison a dû se présenter involontairement à tous tes esprits. Qui donc, lorsque nous rouvrons, pour cette académie qui fut sienne, les routes élevées de l'instruction publique, ne se rappellerait le minis- tre qui fit tant pour elle, qui la dota de son nouveau plan d'études, qui releva si haut sa bannière dans un moment de péril? Si quelque chose peut consoler, dans ce grand désastre, c'est la fin de l'homme, cette fin si touchante et si chrétienne, qui est comme un suprême enseignement laissé à tous, pour cette heure où l'éternité commence. Le coup qui l'a frappé ne lui a pas permis de donner la perfection à son œuvre ; mais cette œuvre ne périra pas. L'Empereur qui, devinant M. Fortoul, le prit dans nos rangs pour le mettre a notre tête, a choisi son successeur sur les sièges les plus élevés du corps judiciaire, comme pour faire voir que nous devions attendre du nouveau ministre ce qui de tout temps fut l'a- panage de la magistrature française : le savoir et l'indépen- dance , sources de vertu , d'honneur et de justice. Le chef actuel de l'Université, fille de Charleinagne, de saint