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            A PROPOS DE L'ÉGLISE DE SAINT-JEAN.                  479

que vous demandez que cette forme soit reproduite à l'exclusion
de toute autre, avez-vous bien examiné si les chapitaux que vous
voulez faire disparaître méritent réellement cette condamnation ?
Je ne peux le croire, car parmi ces crochets qui vous offusquent,
vous en auriez remarqué de ravissants qui s'épanouissent en pe-
tites feuilles si légères, si découpées, qu'on croirait les voir s'a-
giter au moindre souffle, et d'autres non moins dignes d'attention
par le curieux semis de perles dont ils sont ornés.
   En enveloppant ainsi, dans une même proscription que rien
ne justifie, tous les chapiteaux à volutes, pour les remplacer par
une ornementation d'un galbe uniforme, on détruirait infailli-
blement l'étonnante variété de cette flore lapidaire dont notre
grande nef est si riche.
   Avant de discuter sur le plus ou moins de convenance qu'il y
aurait à orner de trèfles gothiques le tympan des arcades du tri-
forium qui vous semble trop nu, il faudrait préalablement savoir
si l'absence d'ornements sur ce point est réellement un défaut
ou n'est pas, au contraire, un effet habilement calculé pour faire
valoir toute la souplesse de ces délicates ogives; car veuillez
remarquer, Monsieur, qu'en suivant du regard la ligne verticale
de ce grandiose intérieur on est frappé de la différence sensible
de noblesse, d'attitude et de hardiesse de projection qui existe
entre les travées appartenant au XIII e siècle et celles que le
XIVe a construites.
  Dans ces dernières, en effet, les arceaux des tribunes, trop
pesamment ornementés, suivant leurs proportions de dévelop-
pement , font un contraste fâcheux avec les arcades de la pre-
mière époque, dont les moulures saillantes finement profilées,
ne sont pas dissimulées sous une ligne de choux rampants.
   Il serait illogique, dans tous les cas, de vouloir modifier l'or-
nementation prédominante d'un édifice, d'après le style de quel-
ques parties secondaires; de même qu'il serait peu rationnel
d'opérer le prolongement, dans la grande nef, de la frise en
incrustations qui décore le pourtour de l'abside; ce serait un
anachronisme, dont bien certainement aucun de nos artistes ne
voudrait accepter la responsabilité.