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446               DE LA DÉCADENCE ROMAINE.

cènes, l'illustre protecteur des poètes et des artistes, avait
imaginé de manger des ânons domestiques ; la vogue fut
telle qu'on les préférait aux onagres ; mais après sa mort,
la mode en passa entièrement ; ce qui ne prouve pas l'infé-
riorité des jeunes ânes ; l'onagre, venant de pays lointains ,
devait être rare et coûteux, et le luxe donnait au lali-
sion la préférence sur un misérable ânon. — Hippoc. trad.
par Gardeil. du régime II. 29.—Cels. H. 18. —Varr. de r.r.
H. 1. — Mart. xiii. 97—Plin. vin. 49-43.
   La chair du chien n'était pas absolument inconnue, mais
il paraît cependant qu'on en faisait rarement usage. Les Ro-
mains des premiers temps regardaient les petits chiens de
lait, comme une nourriture tellement pure, qu'ils croyaient,
en les immolant, célébrer un sacrifice expiatoire. On les
servait dans les repas des pontifes adilialibus epulis ; dans
ceux des dieux, cœnis deiim, on offrait une jeune chienne.
— Plin. xxix. 14.
   Notre siècle n'a pas tout inventé : un célèbre romancier a
raconté , au grand etonnement de ses lecteurs , qu'il avait
avalé et digéré, sans remords, d'excellents biftecks d'ours ,
d'un ours qui la veille s'était permis de dévorer un homme.
Je n'oserais pas décider si c'est là un conte ou une histoire ;
mais dans tous les cas, à Rome, on consommait de la chair
d'ours. Il paraît qu'on la réputait d'une difficile digestion, et
que sa saveur se rapprochait beaucoup de celle du sanglier.
Un des convives de Trimalcion se vante d'en avoir mangé
beaucoup, et il égayé son récit par cette mauvaise plaisan-
terie : « Puisque les ours dévorent les pauvres humains,
ceux-ci agissent très-rationnellement en leur rendant la pa-
reille. » Héliogabale, parmi les apophoreta dont sa magnifi-
cence comblait ses parasites, donnait jusqu'à dix ours à la
fois. La graisse d'ours était employée contre la chute des
cheveux, et je crois qu'elle sert encore au même usage. —