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438 BIBLIOGRAPHIE. MES PREMIERS CHANTS, par Charles GARNIER ( I ) . L'auteur de ce recueil est jeune encore.—11 y a quelques mois à peine, il débutait avec succès dans la presse périodique ; des juges compétents ont remarqué plusieurs de ses articles que dis- tinguent d'excellentes qualités de style , des sentiments élevés, une logique spirituelle et vive. M. Garnier semble avoir trouvé, dans le journalisme, sa véritable voie, et, si ses efforts ne se ra- lentissent pas, il est facile de lui prédire qu'il se fera un nom distingué parmi les publicistes de notre époque. Mais on ne dit pas adieu impunément aux rêveries , aux illusions, aux naïves croyances de la jeunesse. Avant de se précipiter , tète baissée, dans le gouffre sans fond de la presse, avant de se livrer corps et âme au démon de la polémique, à la pénible et aride tâche du compte-rendu, M. Garnier s'est arrêté sur le seuil de sa nouvelle carrière ; il s'est recueilli et il a écouté tristement les derniers murmures, les échos lointains du passé de sa vie. Avant de dire un éternel adieu à tout ce qu'il aima, poète, il a voulu que ses meilleures pensées , que ses souvenirs les plus chers ne fussent pas à jamais éteints. II a rassemblé en un volume ses premiers essais, et ce volume, ce n'est pas sans crainte qu'il l'a livré au public. M. Garnier est de l'école de Lamartine. Sa muse est toujours élevée et sérieuse ; les sujets dont elle s'inspire n'ont rien que de chaste, de pieux et de noble. Les vers de son recueil sont d'une facture ample, harmonieuse et d'une extrême facilité. Parmi les plus belles pièces de M. Garnier, nous avons distin- gué les Martyrs d'Auray , Y Immortalité de l'âme , à M. de Lamartine, le Chœur de Spartacus et des esclaves , et surtout celle qui a pour titre : Chateaubriand. Le poète suit rapidement le chantre de René depuis son retour d'Amérique jusqu'au pro- montoire où il dort son dernier sommeil. Ce morceau renferme des beautés de premier ordre que nous serions heureux de pou- voir signaler toutes, si le peu d'espace dont nous disposons pou- vait nous le permettre. Quatre strophes fort belles donneront peut-être une idée de l'ensemble. Voici comment le poète nous montre l'illustre émigré de retour des savanes du Nouveau- Monde : Il traverse en pleurant les champs de l'Armorique ; L'incendie a passé sur ce sol héroïque, Et le sang des marlyrs a rougi ses sillons. Du manoir féodal il retrouve l'asile, Mais il évoque en vain sa mère et sa Lucilc, Son bonheur fugitif et ses illusions ! (!) Un vol. iii-8, chez Périsse frères lib. à Lyon, rue Centrale, 60.