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BIBLIOGRAPHIE. 439 Soudain, à ses regards, l'avenir se révèle ; Assis sur une pierre, au pied d'une tourelle, Il a cru voir la Foi redescendre des cieux. Un esprit inconnu vient d'entrer dans son âme ; Son front s'est relevé, son œil lance la flamme, Et sa harpe a rendu des sons mystérieux. Tel, au bord du torrent qui creuse la vallée, Au flanc de Slimora, dans la nuit étoilée, Assis sur la bruyère, au milieu des tombeaux, Le barde infortuné de la Calèdonie Déplorait de Fingal la race évanouie, Et de Morven désert célébrait les héros. . . . Dors, dors sur ton rocher visité des orages ! Quand l'Océan bondit, déchirant ses rivages, Tu tressailles, sans doute, au fond de ton cercueil ; Des guerriers d'Ossian les ombres glorieuses, Descendant quelquefois des sphères nébuleuses, Aiment à s'arrêter ainsi sur un écueil. Voilà des vers d'un grand mérite, et ce ne sont pas les seuls. Cette pièce, quoiqu'elle ne soil pas sans défaut, renferme des beautés hors ligne. Le sujet en est bien compris, il est exposé avec largeur, et la couleur est en rapport parfait avec la vérité et le naturel du sentiment. C'est bien là , en effet, le chantre qui évoqua, du milieu des ruines de la Révolution, l'antique religion de nos pères, c'est bien là l'Homère des temps modernes, l'il- lustre pèlerin, le dernier des preux qui traversa, inébranlable et sloïque, cinquante ans de luttes, toujours fidèle, jusqu'au dernier soupir, à sa foi religieuse et politique. Disons, en finissant , que le principal mérite des poésies de M. Garnier c'est l'élévation et la pureté constante des sentiments, unies à l'élégance et à la souplesse d'un style aussi riche en ima- ges qu'empreint d'un véritable lyrisme. G. G.