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BIBLIOGRAPHIE. 435 dans toutes les opérations de l'esprit de l'homme. L'industrie est fille de la science. Victorieuse avec ses fumées, elle peut dire à son tour, comme la bien-aimée de Salomonj'e suis noire, mais je suis belle. Quel préjugé ferait du poète son ennemi? ELLE vient à lui les mains pleines de richesses. ELLE offre à ses chants des sujets jusqu'alors inconnus. S'il sait la glorifier, ELLE saura le couronner. ELLE a précédé la poésie. ELLE a façonné la lyre du poète. ELLE a scié le marbre du sculpteur. ELLE a tissé la toile du peintre ; ELLE a inventé la machine qui immortalise les œuvres du génie. Entraîné par un cœur sincère, M. de Gravillon déclare son dédain aux mensonges de la Fable. Le vieil Olympe, avec ses Muses, est une chimère sans attraits. Vaut mieux pour le poète et pour le peintre, la jeune fileuse qui déploie la soie sur un engrenage d'acier, que la fille du roi de Lydie, changée par Minerve en araignée. L'imbécile Vulcain dans son antre est moins poétique que le maréchal ferrant dans son atelier, « et que « le chauffeur qui, triomphateur sur sa machine, emporte la « civilisation à travers les villes et les montagnes. » Pour M. de Gravillon, « ami de la nature et de la réalité, « tout est poésie; » la lime de l'ouvrier; la roue du moulin; le panache bleu du fourneau à vapeur; le point noir qui annonce le retour du navire ; le matelot qui, à l'instant où il a un pied sur le rivage, est déjà dans les bras de sa mère; la laitière qui apporte le déjeuner de l'étudiant ; le facteur au collet rouge, dont la boite est le gardien des secrets du cœur ; l'antique clo- cher qu'un orateur religieux relevait de ses ruines (1) ; « la « cloche dont la coupe d'harmonie fait vibrer l'espace de toutes « les notes dans ses accents, pendant que le soleil y réunit « toutes les couleurs dans ses rayons ; » le fil électrique plus merveilleux que l'aiguille aimantée ; enfin 1'IN DU STRIE qui anoblit l'ouvrier, comme jadis l'avènement du Christ avait affranchi l'esclave, « et qui en plaine roulant ne sera pas arrêtée par ses « détracteurs. » Boileau enseigne, avec sa verve énergique, que le vrai seul est aimable et beau ; que la raison seule prête du lustre à la poésie et qu'une merveille ABSURDE est pour lui sans appas; cependant il énumère les ciseaux des Parques et la barque de Caron, parmi les agréments qui charment le lecteur et dont le livre d'Homère est un fertile trésor. Fidèle à ses jeunes études, il y ramène tous les âges de'sa vie. Après avoir dit à Louis XIV qu'il a de Jupiter « la taille et le visage », il lui chante le siège de Troie, aux rivages du Rhin, comme aux remparts de Natnur. Son vigoureux chanoine qui terrasse et disperse les chantres, (1) M. Camille Jordan est l'aïeul de M. de Gravillon.