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                          M. DE MIRECOURT.                            427

condamner les légitimes élans de la reconnaissance du con-
vive envers un amphytrion aussi complètement aimable? Est-
il bien étonnant qu'à travers les fumées de ce vin délicieux,
l'auteur de la Pucellc de Bellcville et du Cocu se transforme
en grand écrivain et en grand moraliste ? Ne faut-il pas faire
la part de la gratitude du bifteck, du ventre, selon les expres-
sions choisies et spirituelles de M. de Mirecourt? Oui,
M. Paul de Kock est le soutien de la morale, l'appui de la
société, le défenseur de la religion, ses vins sont bons,
ses chambres commodes ; et voila véritablement un écrivain
consciencieux et utile !
   Quant à ce sauvageon, ce pierrot, ce nuage, ce loup, ce
fleuve, ce crocodile qui a nom J. Janin, que l'on ne vienne
pas nous parler de son mérite littéraire. Lui, du style? lui
de l'esprit? Allons donc! tout au plus lui accordons-nous du
papillotage ! « M. Janin, lorsqu'il invile ses amis à déjeuner,
ne leur fait servir qu'un œuf sur le plat; il faut qu'il pro-
fesse pour eux une estime très-grande pour aller jusqu'à la
côtelette. » [Janin, 23). Et vous voulez que nous fassions
état de cet eunuque, de ce Triboulet, de cette mouche , de
cet océan, de ce papillon , de ce gaillard? Fi donc! un œuf
sur le plat et une côtelette ! ce menu d'Harpagon est lout au
plus digne de ce saltimbanque, de cet oiseau, de ce pauvre
garçon, enfin! (1).
   Ce qu'il nous faut à nous ce ne sont point de pareils or-
dinaires. Parlez-nous de la table du duc de Choiseul !
   « On peut dire qu'il a été le dernier des grands seigneurs.
« Seul, au milieu de l'envahissement de la sottise bourgeoise,
« il montrait à la cour étonnée de Louis-Philippe un reste
« de magnanimité!

  (1) Toutes ces epithètes, appliquées par M. de Mirecourt à M. •(. Janin,
sont éparses dans ira trop grand nombre de biographies pour que nous
puissions citer les pages où elles se trouvent.