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428 M. DE MIRECOURT. « Au premier coup de onze heures, le maître d'hôtel ouvrait « a deux battants les portes de la salle a manger, où se trou- « vait la table nue et quand le dernier coup résonnait a « l'horloge du Louvre, le service était au grand complet !!! » [Mêry, 57). Quel tableau ! entendez vous d'ici : « Le dernier coup qui sonne à l'horloge du Louvre ! » M. de Mirecourt ne se tient pas toujours dans des régions aussi superbes et aussi magnanimes. Quelques tables moins splendides, quelques mets plus modestes ont acquis sa faveur, et ce n'est pas le moins plaisant de l'affaire que l'amalgame réjouissant dans lequel il fait fraterniser la littérature , et — oserai-je le dire , bon dieu ! •— la charcuterie. 11 faut savoir que M. de Mirecourt, voulant donner un spécimen des chan- sons de Pierre Dupont, ne voit rien de préférable au qua- train suivant : Respectons la vieille coutume , Mes beaux amoureux , buvez frais , Mangez le boudin quand il fume, Vous vous embrasserez après ! On pourrait croire que le folâtre biographe a voulu rire ; nullement —Voici la réflexion dont il fait suivre cette cita tion saucissonesque : « Voilà du moins de la bonne el sage poésie ! » ( P. Du- pont, 62). Certes ! boire frais n'est point 'a dédaigner, et le boudin quand il fume a bien son côté attrayant ; mais qu'ont de commun ces deux bonnes choses avec la poésie ? Je com- prends que M. de Mirecourt, las des splendeurs de M. le duc de Choiseul, s'encanaille de temps a autre et s'en aille aux Porcherons, en grisaille, manger du boudin et boire du vin bleu , les gentilshommes ont de ces caprices ! mais il fau- drait, dans ce cas, cuver son boudin chez soi , en famille , et